Le temps des passions tristes

Dans « le temps des passions tristes » (Seuil, 2019), le sociologue François Dubet explique comment la perception individuelle des inégalités sociales s’est peu à peu substituée à la conscience de classe.

 Les passions tristes sont le ressentiment, le sentiment d’abandon, la frustration, la colère, la honte, la résignation. Et par-dessus-tout, « le sentiment de mépris, l’impression d’être invisible ». L’occupation par les gilets-jaunes des ronds-points et l’adoption par eux d’un uniforme destiné à rendre visible un piéton dans la circulation automobile illustre cette revendication de visibilité, de reconnaissance et finalement de respect. Continuer la lecture de « Le temps des passions tristes »

Décoder les comportements pédophiles

France Culture a récemment diffusé un « grand reportage » intitulé « pédophilie, comment protéger les enfants ? »

J’ai écouté cette émission avec les oreilles du visiteur de prison  La pédocriminalité est devenue un élément important de la problématique carcérale. Sous la pression de l’opinion publique, les peines encourues pour des actes pédophiles sont de plus en plus sévères et les délais de prescription de plus en plus longs. Continuer la lecture de « Décoder les comportements pédophiles »

Virus ennemi

Dans « Virus ennemi, discours de crise, histoire de guerres » (Tracts Gallimard, juin 2020), Jean-Noël Jeanneney s’interroge sur les parallélismes et les différences entre la « guerre au virus » et les conflits mondiaux du vingtième siècle.

 Dans son émission « Concordance des temps », sur France Culture le samedi matin, Jean-Noël Jeanneney s’attache à éclairer le présent par les leçons du passé. Lorsque le président de la République déclare, le 16 mars 2020, la guerre au Coronavirus, et lorsqu’il le décrit le 13 avril comme un ennemi « invisible, insaisissable et qui progresse », il fait appel à la mémoire collective d’autres états de guerre, celui de 1914 et celui de 1940. Continuer la lecture de « Virus ennemi »

Premiers de cordée, premiers de corvée

À l’occasion de la crise du Covid-19, de nombreux commentaires ont opposé le rôle déterminant des sans-grade, les « premiers de corvée » au piétinement des sachants, les « premiers de cordée ».

Les « premiers de corvée » sont les infirmières, les caissières, les éboueurs, les facteurs qui, exposés en première ligne à la contagion, ont assuré les services essentiels et aussi ceux, comme les enseignants, dont les parents obligés de faire l’école à leurs rejetons ont ressenti l’absence. Il faut y ajouter les mères de famille, qui exécutent la majeure partie des tâches domestiques et jouent le rôle de régulateur émotionnel, prenant sur elles peurs, chagrins et colères. Continuer la lecture de « Premiers de cordée, premiers de corvée »