2011, année de la voiture électrique

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Sur le parking de la station de métro de Watford (Hertfordshire, Royaume-Uni), trois baies disposent maintenant d’une prise pour l’alimentation de véhicules électriques. De telles installations devraient se multiplier dans les prochains mois.

De nombreux experts annoncent que l’année 2011 verra l’essor de la voiture électrique. La Nissan Leaf, maintenant commercialisée en Grande Bretagne, se présente comme la première voiture électrique destinée au marché de masse. D’ici la fin 2012, pas moins de dix nouveaux modèles de véhicules électriques sont attendus. En Grande Bretagne, une subvention de 5.000 livres devrait stimuler la demande.

The Guardian du 6 avril rend compte, sous la plume d’Adam Vaughan, d’un débat entre personnalités impliquées dans les transports et la protection de l’environnement, sponsorisé par Renault.

Les avantages écologiques de la voiture électrique pour l’environnement ont été rappelés. Elle n’émet pas d’oxydes de nitrogène, nocifs pour la santé, en particulier celle des personnes asthmatiques. On estime qu’en Grande Bretagne, elle émet 40% moins de carbone (indirectement, à travers les centrales) que les voitures propulsées par des combustibles embarqués.

Le fait que la voiture électrique consomme une énergie stockée est cohérent avec le développement de l’énergie éolienne, qui est par définition intermittente. En outre, la plupart des chargements ayant lieu pendant la nuit, ils se produiront alors que le niveau d’utilisation du réseau est minimum.

Les intervenants dans le débat ont aussi souligné que la voiture électrique va créer des emplois en Grande Bretagne. Contrairement aux idées reçues en France, l’industrie automobile reste forte dans ce pays, même s’il est vrai que le capital est étranger. La Nissan Leaf est produite à Sunderland et les batteries de l’alliance Nissan – Renault le seront également.

Le représentant de Renault a indiqué que la technologie évolue très vite. Pour éviter aux acquéreurs de voitures électriques la frustration de voir leur modèle devenu obsolète quelques mois après l’avoir acheté, il est envisagé de louer les batteries : il sera ainsi possible de les remplacer par d’autres plus performantes sans devoir changer le véhicule.

Photo : places de stationnement pour voitures électriques à Watford. La source de courant est installée par EDF Energy.

Travailler au-delà de 65 ans

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En Grande Bretagne, soixante-cinq ans cesse d’être l’âge de la retraite par défaut. Pour mettre à la retraite un travailleur plus âgé, les entreprises devront faire la preuve de son inaptitude.

Dans The Guardian du 1er avril, Jill Insley examine les raisons et les conséquences de l’abolition du « default retirement age » (DRA) que les Travaillistes avaient instauré en 2006 pour protéger les employés du risque d’être mis à la retraite avant soixante cinq ans. Un employé peut désormais choisir la date à laquelle il prend sa retraite ; c’est à l’employeur de prouver, le cas échéant, qu’il ne remplit plus les conditions pour occuper son poste de travail.

Pour le gouvernement, augmenter le nombre d’actifs réduira la pression sur le régime de retraite. Pour les salariés, pouvoir travailler plus longtemps est souvent une question de survie. Une étude montre qu’un tiers des salariés prenant leur retraite cette année auront un revenu inférieur à la ligne de pauvreté ; on estime qu’en 2009, 100.000 personnes ont été obligées de prendre leur retraite contre leur gré.

Du côté patronal, les nouvelles dispositions sont accueillies avec appréhension, en particulier par les PME, qui peuvent difficilement proposer à des employés âgés des postes dont les horaires et la pénibilité correspondent à leurs capacités ; contrairement à elles, de grandes entreprises comme British Telecom ont les moyens de mettre en place des politiques de diversité au travail faisant une place aux seniors. Les organisations patronales reprochent au gouvernement de n’avoir pas défini les règles de suivi de la performance des travailleurs âgés et les critères selon lesquels il sera possible de les mettre d’office à la retraite.

La chaîne de supermarchés Asda est reconnue comme un des leaders dans l’incorporation de travailleurs âgés. Elle emploie 40.000 salariés de plus de 50 ans, dont 1.100 de plus de 70 ans. Caroline Massingham, qui au lieu de « chef du personnel » ou de « directrice des ressources humaines » porte le joli titre de « directeur des gens » (people director) explique que les fait que des « héros de service client » servent de mentors à des employés plus jeunes fonctionne extrêmement bien. « L’éthique du travail des travailleurs plus âgés par opposition à celle de notre marché plus jeune a un effet massif sur la performance du magasin. Elle apporte de la stabilité dans ce marché du travail – vous ne voyez pas un taux de rotation aussi élevé dans cette tranche d’âge que parmi les plus jeunes ».

On est frappé en Grande Bretagne par le nombre de personnes âgées qui occupent un emploi. Une étude récente du Cercle d’Outre Manche le confirme : en 2010, le taux d’emploi des 55 – 65 ans était de 58% au Royaume Uni et de 38.3% en France. Depuis des années, la discrimination sur le critère de l’âge est interdite : les curriculum vitae ne mentionnent pas l’âge d’un candidat, pas plus que son sexe ou son groupe ethnique. La suppression de l’âge de la retraite par défaut s’inscrit dans la lutte contre cette discrimination en même temps qu’elle s’adresse à problème social majeur.

Photo The Guardian : employées de la chaîne de supermarchés Asda.

Amitié

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A l’invitation d’Elisabeth et Patrick, nous célébrons comme chaque année des anniversaires et l’approche du printemps dans leur maison, dans un hameau de l’Essonne.

L’amitié fait voyager. Au coin du feu, la conversation prend des chemins de traverse, sans souci excessif de la rationalité. Nous évoquons le drame qui frappe le Japon, les pilotes d’avions long-courrier davantage exposés aux radiations par leurs périodes de repos à la plage que par leur travail sous le cockpit, les statistiques de morts virtuelles de Tchernobyl, le besoin de « lits chauds » dans les stations de sport d’hiver menacées par un taux d’occupation insuffisant, le surf au Cap Ferret, un roi bègue tiré d’affaire par un coach australien, des séances de coaching pour améliorer la façon de narrer des contes aux petits, l’ingénieuse valve électrique qui permet de gonfler sans effort la poche d’air d’une cornemuse, la disparition d’une librairie au centre de Bourg la Reine, le roman d’Umberto Eco Le Cimetière de Prague commandé sur amazon.com, les divisions fratricides de l’UMP en Hauts de Seine, une passion pour l’acrylique et les collages, la confiance en soi, la marche encordée sur un glacier et sur les trottoirs de la ville de Sceaux, la légende du train de 9h13 évaporé dans la Voie Lactée, l’avenir de l’Hôtel de la Marine, les inconvénients des emballages sous vide des Surgelés Picard pour les malvoyants, la Moldavie et la Nouvelle Angleterre, Rodez et Saint Martin, chamois et renards, avant d’aller dormir sous les étoiles…

Dimanche matin, nous faisons une délicieuse promenade sur les rives de l’Essonne. Les flots s’écoulent lentement et offrent de multiples reflets, à l’image de notre amitié d’un rendez-vous printanier à l’autre.

Le vol EasyJet de retour à Londres est en retard. Alors qu’un texte enregistré déclame longuement en français les consignes de sécurité, notre voisin marmonne « on s’en fout, décolle ! »  Notre week-end d’amitié vient de s’achever.

Photo « transhumances » : reflet sur l’Essonne.

Fukushima, l’effacement du péché nucléaire originel

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The Guardian a publié le 22 mars un article de George Monbiot, le chroniqueur du journal sur les questions d’environnement. Il était intitulé : « pourquoi Fukushima m’a fait m’arrêter de me préoccuper et aimer l’énergie nucléaire ».

« Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que les événements au Japon ont changé mon opinion sur l’énergie  nucléaire. Vous serez étonné d’entendre comment ils l’ont changée. A la suite du désastre de Fukushima, je ne suis plus neutre sur la question du nucléaire. Je suis maintenant en faveur de la technologie.

Une vieille usine merdique avec une sécurité inadéquate a été frappée par un tremblement de terre monstrueux et un vaste tsunami. L’alimentation électrique est tombée en panne, mettant hors service le système de refroidissement. Les réacteurs ont commencé à exploser et à fondre. Pourtant, à ce que nous savons, personne n’a reçu une dose mortelle de radiation.

Quelques verts ont exagéré sauvagement les dangers de la pollution radioactive. Pour une vue plus claire, regardez le graphique publié par xkcd.com (bit.ly/gu6QC). Il montre que la dose totale moyenne émise par le désastre de Three Mile Island pour quelqu’un vivant dans un rayon de 10 miles de l’usine fut la 625ième partie de la dose annuelle maximum admise pour les travailleurs exposés aux radiations. Celle-ci, à son tour, est la moitié de la plus petite dose annuelle que l’on puisse relier à un risque de cancer accru, laquelle, à son tour, représente 1/80ième de la dose qui provoquerait invariablement la mort. Je ne suis pas en train de proposer de la complaisance. Je propose une perspective

Si d’autres formes de production d’énergie ne causaient aucun dommage, ces impacts pèseraient davantage. Mais l’énergie est comme la médecine ; s’il n’y a pas d’effets collatéraux, il y a des chances que ça ne marche pas. »

Dans la suite de l’article, George Monbiot s’attache à démontrer que toutes les formes de production d’électricité « vertes », des barrages aux éoliennes et aux piles photovoltaïques ont des limitations et provoquent des dégâts environnementaux. Il indique aussi que, pour produire la quantité d’électricité requise, l’alternative au nucléaire est le recours aux énergies fossiles, charbon, gaz et pétrole, avec leurs effets de serre.

Il conclut ainsi : « oui, je hais toujours les menteurs qui gèrent l’industrie nucléaire. Oui, je préfèrerais que tout le secteur ferme, s’il y avait des alternatives moins dommageables. Chaque technologie de l’énergie implique un coût ; il en va de même de l’absence de technologies de l’énergie. L’énergie atomique vient d’être soumise au test le plus sévère qui soit, et l’impact sur les personnes et la planète a été minimum. La crise de Fukushima m’a converti à la cause de l’énergie nucléaire ».

Je partage le point de vue de George Monbiot. L’énergie nucléaire souffre d’un « péché originel », son origine militaire. La recherche frénétique de cette technologie, d’Israël au Pakistan et de la Corée du Nord à l’Iran, montre que le sous-entendu militaire reste présent. Pour citer le cas de la France, la filière nucléaire civile s’est développée sur la base des recherches menées pour disposer de la bombe atomique. Pendant des dizaines d’années, le Parlement n’eut jamais l’occasion de débattre de choix qui impliquaient pourtant des centaines de milliards de francs et la santé des citoyens. L’allusion de Monbiot aux « menteurs » s’applique particulièrement bien à notre pays et au cas de Tchernobyl lorsque le nuage radioactif fut supposé s’arrêter à nos frontière en épousant leur tortueux contour.

C’est ce péché originel que le tsunami de Fukushima est en train de laver. Le Japon n’a pas de nucléaire militaire et est le seul pays à avoir été, à ce jour, victime d’attaques à l’arme atomique. Il est possible maintenant de raisonner sur le « cocktail » de sources d’énergie qu’il serait raisonnable de produire. Le nucléaire a gagné sa place dans ce cocktail.

Photo de la centrale de Fukushima, The Guardian.