Charlie

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Charlie est ce personnage anonyme de Martin Hanford qu’il faut reconnaître dans une foule immense.

Charlie arrive chaque matin à 8h00. Comme il vient au bureau en voiture et que la circulation dans une grande ville est imprévisible, on peut se demander s’il ne patiente pas sur un parking voisin jusqu’à ce que sonne l’heure juste. Il dépose son cartable à ses pieds, en extrait une bouteille d’eau, ouvre son ordinateur. Son rôle est de payer des factures. Il le fait avec application, pas trop vite, mais aussi sans perdre du temps à faire la conversation. Il feuillette des documents, les vérifie, en saisit le contenu à l’écran, les tamponne et les classe. Il travaille ainsi pendant quatre heures et trente minutes. Il prend alors la pause règlementaire de quarante cinq minutes, à son poste de travail, avec un sandwich. Il se consacre à faire des réussites sur son ordinateur.

L’après-midi se déroule sur le même mode : factures, tampon, écran, factures, tampon, écran. A 16h30 précises, Charlie quitte son poste, sans un au-revoir à ses collègues.

Charlie est en fin de carrière. A le voir, me viennent à la bouche les paroles de la chanson de Jean Ferrat sur les jeunes femmes qui, mariées jeunes et mères de famille, n’ont d’autre horizon que leur cuisine  et leur buanderie :

Faut-il pleurer, faut-il en rire ?

Fait-elle envie ou bien pitié ?

Je n’ai pas le cœur à le dire

On ne voit pas le temps passer.

Illustration : Charlie, le voyage fantastique

Robert et Louise

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L’inventeur de la fécondation in vitro, le Britannique Robert Edwards, vient de se voir attribuer le prix Nobel de Médecine.

Le 25 juillet 1978, Louise Brown naissait dans un hôpital de Manchester. Elle était le premier « bébé éprouvette », le premier d’une série de plus de quatre millions de bébés qui ne seraient jamais venus au monde sans les recherches menées par Edwards et ses équipes.

La photo est émouvante. Elle représente Robert Edwards en compagnie de Louise il y a deux ans, avec sa maman et sa petite fille, née naturellement. Bravo et merci, Professeur Edwards !

Photo : Yahoo ! 

« Places », un nouveau service de Facebook

 

Facebook lance un nouveau service, Places, qui permet aux utilisateurs de savoir instantanément où se trouvent leurs « amis ». Dans le Sunday Times du 26 septembre, le journaliste Stephen Armstrong s’interroge sur la signification sociale de cette innovation.

Lorsqu’il est programmé « par défaut », le service Places permet à une personne de localiser ses « amis » partout dans le monde et de repérer les utilisateurs de Facebook qui se trouvent au même moment dans la même rue ou dans le même restaurant. Chacun peut naturellement se connecter ou se déconnecter du service à tout moment, et il est possible de régler les paramètres de confidentialité pour éviter de communiquer des informations à des indésirables. Des cas de cambriolage ont ainsi été rapportés, les bandits ayant tranquillement consulté Places et mis à profit l’absence des propriétaires de leur domicile pour passer à l’action.

Il y a de grandes différences de comportements dans le réglage des paramètres de confidentialité. Le journaliste cite Alan Redman, un psychologue des affaires. « Il y a des indigènes du numérique, qui y publient tout, et les immigrants du numérique, ou extraterrestres du numérique (« aliens »), qui ne comprennent pas pourquoi. On voit cela clairement sur le lieu de travail. Certains employeurs ne comprennent pas pourquoi les gens révèlent tant de choses de leur vie privée, et il y a eu beaucoup de cas de licenciements avérés à cause de cela. Facebook Places ouvre des questions toutes nouvelles : qu’est-ce que mon employeur devrait savoir de mon comportement ? Est-ce qu’il devrait pouvoir suivre mes mouvements, même si je le laisse faire ? »

Photo « transhumances ».

Britanniques et Français en affaires

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La Chambre de Commerce Française en Grande Bretagne a organisé le 23 septembre un débat sur le thème des relations interculturelles de la France et de la Grande Bretagne dans le monde des affaires.

Peter Alfandary, vice-président de la Chambre de Commerce Française en Grande Bretagne a créé il y a un an un forum pour réfléchir aux différences entre les Britanniques et les Français dans l’approche des affaires. La première manifestation de ce forum fut un débat organisé à la Résidence de France entre Jean-François Decaux, président de Jean-Claude Decaux UK, et Tim Fischer, Country Manager de la Société Générale pour le Royaume Uni. D’un côté un Français installé depuis fort longtemps à Londres ; de l’autre un Britannique travaillant à Londres pour une entreprise française et marié à une Française.

Certaines différences tiennent au mode d’éducation. L’école en France peut être qualifiée de darwinienne : elle vise à sélectionner des individus à l’intelligence supérieure. En Grande Bretagne, on préfère l’encouragement au blâme, le travail en équipe à la concurrence des individus. Dans le monde du travail, un Britannique cherchera le compromis dans un esprit pragmatique ; un Français rédigera des notes lumineuses et s’arc-boutera sur des principes. Un Britannique jugera quelqu’un sur ses compétences et ses réalisations ; pour un Français, sortir premier de Polytechnique reste un avantage professionnel jusqu’à la retraite.

On souligne souvent le côté plus direct des Français, la réticence des Britanniques à exposer leurs sentiments, leur usage systématique de phrases atténuées, « je ne suis pas sûr d’être totalement d’accord avec vous » devant s’interpréter comme « vous avez radicalement tort » ! Les Français ne redouteront pas la confrontation personnelle, les Britanniques peuvent la considérer comme des attaques en dessous de la ceinture. L’humour et l’autodérision sont fréquemment utilisés par les Britanniques, ce qui en fait souvent des orateurs plus efficaces que les Français.

Dans la prise de décision, il semble que les Français aient besoin de plus de certitude que les Britanniques. Si ceux-ci ont un fort sentiment qu’une décision est juste, ils la prendront même s’ils n’ont pas toute l’information à leur disposition.

Les Britanniques semblent parfois obsédés par les seuls actionnaires (shareholders), alors que les Français ont tendance à considérer davantage l’ensemble des parties intéressées à la vie des entreprises, consommateurs inclus (stakeholders). J’avoue pourtant ne pas partager la conclusion selon laquelle la qualité du service serait supérieure en France.

Plusieurs fois dans le débat, l’influence américaine sur la culture des affaires en France comme en Grande Bretagne a été mentionnée, conduisant à une homogénéisation progressive des comportements. Une bonne question est de savoir si la présence massive d’immigrés des cinq continents en Grande Bretagne et dans une moindre mesure en France change aussi les comportements managériaux.

Le forum des relations interculturelles a publié un fascicule curieusement intitulé « lumière au bout du tunnel »  (light at the end of the tunnel) consacré à des réflexions pratiques sur les Français et les Britanniques dans les affaires.  Il passe en revue l’environnement des affaires ; les négociations, réunions et contrats ; le recrutement et la gestion des ressources humaines. Il contient plusieurs citations illustrant le propos. Je citerai celle-ci de Jean Monnet : « l’Anglais ne peut jamais être convaincu par des arguments, seulement par des faits ».

Site Internet de la Chambre de Commerce Française en Grande Bretagne : http://www.ccfgb.co.uk. Photo « transhumances ».