À l’occasion d’un périple à bicyclette de Teruel à Andujar, je publie des papiers rédigés lorsque je vivais à Madrid. Cet article sur les cerisiers de la vallée du Jerte a été rédigé le 10 avril 2005.
Nous nous levons ce matin à onze heures et décidons d’aller admirer les cerisiers de la vallée du Jerte, à deux cent trente kilomètres de Madrid, après Ávila et la Sierra de Gredos, sur la route de Plasencia. Nous y étions déjà allés il y a trois semaines, mais le paysage était brumeux et hivernal.
Aujourd’hui le temps est venteux et clair. La végétation est encore engourdie par l’hiver mais bourgeonne déjà. Les cerisiers, des milliers de cerisiers sont déjà en fleurs. Je m’attendais à ce que toute la vallée soit blanche : en réalité les cerisaies constituent des tâches beiges au flanc de montagnes encore rousses.
La promenade sur la route de Charles Quint est un enchantement. L’empereur Germanique et Roi d’Espagne partit de Tornavaca pour Jarandilla et Yuste le 11 novembre 1556. Il avait cinquante-six ans. Le chemin descend du village en pente douce le long de la rivière Jerte. Les contrastes de couleurs sont éclatants : le blanc de coton des fleurs de cerisiers avec le bleu profond du ciel d’Extrémadure ou les roches noires qui bordent les terrasses de culture ; les fleurs jaunes et bleues du chemin avec les troncs sombres et les branches lumineuses ; la gloire des vergers avec la tristesse des bosquets d’altitude, et celle-ci avec l’arrogance de bancs de neige restés accrochés sur la cime.
Nous partageons des nèfles et un Caprice des Dieux. C’est divin.