Ces mots français qui viennent de l’arabe

Dans le « Dictionnaire français des mots d’origine arabe » (Le Seuil, 2007), Salah Guemriche révèle l’étymologie arabe de nombreux mots français.

« Il y a deux fois plus de mots français d’origine arabe que de mots français d’origine gauloise ! » indique Salah Guemriche dans l’introduction à son dictionnaire. Jean Pruvost a fait de cette vérité le titre d’un livre récent : « nos ancêtres les Arabes ! »

Ce ne sont rien moins que 335 mots que l’auteur analyse, la plupart d’origine arabe, certains persane ou turque. Pour chacun, il indique le mot arabe dans sa graphie propre et le mot français ; il donne sa définition et son étymologie ; il cite un texte littéraire dans lequel le mot français est utilisé.

Certains mots sont d’usage courant, et directement dérivés de l’arabe. C’est le cas de « hasard » (الزهر), qui signifie « dé » (à jouer) et, en arabe maghrébin, « coup de chance ».

Certains mots sont d’usage très courant en français : abricot, alambic, alchimie, alcool, alcôve, algèbre, algorithme, almanach, amalgame, amiral, arsenal, artichaut, assassin, aubergine, avarie, azur, bazar, bougie, café, caïd, calibre , carafe, caramel, caravane, chagrin, châle, charabia, chemise, chiffre, chimie, coton, couffin, coupole, cravache, divan, douane, écarlate, élixir, estragon, fanfare (et fanfaron), fardeau, gazelle, gingembre, girafe, guitare, haras, jasmin, jupe, kiosque, laquais, lascar, lilas, magasin (et magazine), mascarade, masser, matelas, matraque, momie, mousson, nacre, nénuphar, nuque, ouate, pastèque, pêche, potiron, punch, pyjama, raquette, risque, sarabande, satin, sirop, sofa, sorbet, sucre, tamarin, tambour, tare, tartre, trafic, truchement, tulipe, turquoise, typhon, vérin, yaourt, zénith, zéro, sans oublier niquer ou zob.

À cette liste, il convient d’ajouter des mots qui se réfèrent directement à la civilisation arabe : alcazar, arabesque, babouche, baraka, burnous, chouia, fissa, flouze, gourbi, harissa, henné, kif-kif, luth, maboul, merguez, narguilé, noria, pacha, toubib, ou encore zouave.

Dans l’introduction, Guemriche cite François Rabelais, mort à Paris le 9 avril 1553 à l’âge de 60 ou 70 ans selon les sources. Celui-ci avait étudié l’arabe. « Il affectionnait l’exotique morphologie des termes « arabicques » et les utilisa à profusion dans Gargantua et Pantagruel. Guemriche indique que son nom passait pour un sobriquet d’origine arabe : rab-el-hâzil (رب الهازل), ce qui signifie « maître facétieux ».

Dans sa préface au dictionnaire, Assia Djebar évoque le « voyage des mots, ceux que nous parlons, que nous échangeons dans notre parole, au vent déclamée, dans une conversation d’affection ou d’amour, chuchotée ». Il est bon de rappeler que la langue, notre langue, est le fruit d’un permanent métissage.

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