« Cézanne et moi », film de Danièle Thompson, relate l’amitié et la brouille entre Émile Zola (1840 – 1902) et Paul Cézanne (1839 – 1906).
Zola (Guillaume Canet) et Cézanne (Guillaume Gallienne) sont amis d’enfance. Ils étaient à l’école ensemble, à Aix en Provence. Jusqu’au mitan de leur vie, ils ne se sont jamais perdus de vue. Mais leurs destins divergent.
Zola a été élevé dans la misère par sa mère, devenue veuve très jeune et poursuivie par les créanciers de son mari ; assez vite, il connait le succès comme romancier. Homme distant et froid, il se marie avec Alexandrine (Alice Pol), mais le couple n’a pas d’enfant. Cézanne est né dans une famille bourgeoise. Quand il abandonne la carrière juridique pour peindre, il ne connait que très tardivement le succès et vit d’aides financières de son père, et aussi de Zola. Homme à femmes, il a un petit garçon d’Hortense (Déborah François), mais cache à son père son amante et son enfant.
En 1886, Zola publie « l’œuvre », roman dont le personnage principal est un peintre raté. Cézanne se sent visé. Les années passées sont réinterprétées non plus comme celles d’une amitié indestructible, mais au contraire comme une série de malentendus : les femmes qu’ils ont aimées tous deux et que l’un a volées à l’autre ; le reproche que Cézanne fait à Zola de s’être assimilé à ces bourgeois qu’il vomissait, et le reproche de Zola à Cézanne d’avoir creusé lui-même sa tombe de victime.
Le film de Danièle Thompson dispose de puissants atouts : une belle photographie, et l’affrontement des deux Guillaume, de grands acteurs. Mais on en sort frustré. La naissance et la fertilisation croisée des styles, pictural pour Cézanne, littéraire pour Zola, sont à peine effleurées. J’ai été gêné en ce qui me concerne par la constante rupture de style. Les personnages s’expriment avec le langage du vingt-et-unième siècle dans la vie courante ; mais lorsque leurs lettres sont citées, c’est le parler du dix-neuvième siècle qui se donne à entendre.
« Cézanne et moi » aurait pu être un bon film.