L’Artothèque de Pessac (Gironde) présente jusqu’au 25 mars une exposition intitulée « Champ libre, de la détention à une collection ».
Dans une salle sont présentées des œuvres visuelles réalisées en 2016 par des détenus de la maison d’arrêt de Gradignan dans le cadre d’ateliers animés par les artistes plasticiens Chloé et Renaud Subra. Les participants se sont inspirés d’œuvres exposées au Musée d’Aquitaine. C’est d’ailleurs au Musée qu’a été organisée une première présentation, alors que des copies restent affichées au parloir de la maison d’arrêt.
Dans une autre salle est projeté un film vidéo d’une vingtaine de minutes, lui aussi réalisé avec des détenus, hommes et femmes, par l’artiste Sylvain Bourget. Intitulé « rites, routines, ritournelles », il a pour but, dit le flyer de l’exposition, de « poser la question de la routine au sein de la prison. »
Le film met en scène, en gros plan des routines carcérales : l’eau que l’on fait bouillir pour un café soluble, un jeu de cartes, les cigarettes qu’on roule, un maquillage, l’acte de se raser. Et aussi la chansonnette qui revient aux lèvres.
« Qu’est-ce que cela peut représenter pour les détenus ? Comme cela est-il vécu ? Les routines ont-elles un écho plus important sur le quotidien dans un milieu fermé ? Y a-t-il une différence entre une habitude contrainte par l’institution et d’autres habitudes qui prennent la forme d’un acte autarcique de résistance au monde ? (…)
« Le rite, la routine, constituent des sortes d’actes souterrains qui irriguent la vie quotidienne. »
La prison constitue le plus souvent pour les personnes détenues une parenthèse vide de sens. En leur permettant de mettre des mots, des formes, des couleurs sur ce qu’elles vivent, les artistes font un pas de côté, changent le point de vue, ouvrent un horizon. Leur travail est soutenu, pour cela, par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation.