Arte TV a récemment diffusé un délicieux film de Joseph Vilsmaier, « Charlie et Louise » (1994).
Tout oppose Louise, une petite fille sage de la bourgeoisie hambourgeoise, pomponnée comme une poupée, et Charlie, dont le père essaie de vivre à Berlin de son métier de compositeur et qui adopte un look provoquant, casquette, lunettes noires, walkman et santiags. Dans le train qui les mène en Écosse pour un stage linguistique, Louise est souffre-douleur et Charlie chef de bande.
Il se trouve que les deux filles se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Elles ne tardent pas à découvrir qu’elles sont jumelles. Peu après leur naissance, il y a onze ans, leurs parents se sont séparés, gardant chacun avec soi l’une des jumelles. L’un et l’autre se sont entendus pour raconter à « sa » jumelle qu’elle est fille unique et que son autre parent a émigré en Australie.
Les jumelles brûlent du désir de rencontrer leur parent inconnu. Charlie se glissera dans la vie de Sabine, une femme d’affaires sans cesse débordée par le temps. Elle vivra dans son appartement bien rangé et décoré soigneusement. Louise découvrira la vie de son père, un artiste talentueux mais harcelé par des ennuis d’argent et l’abus d’alcool.
Les premiers jours sont marqués par des incidents mineurs, une porte de placard confondue avec celle de la salle de bains, un chien qui ne reconnait pas la fillette. Sabine et Wolf se rendent bien compte que « leur » fille a changé, mais ils le mettent sur le compte du séjour linguistique. Peu à peu pourtant, Charlie et Louise mettent en marche un plan concerté : ne plus jamais être séparées ; vivre toutes les deux avec leurs parents réconciliés. L’une joue sur l’impertinence, l’autre sur la séduction. Mais elles s’entendent à merveille pour manipuler les adultes.
« Charlie et Louise » est une comédie drôle et émouvante, délicieusement obsolète bien que ne datant que d’une vingtaine d’années. Les acteurs, Fritzi et Floriane Eichborn (Charlie et Louise), Corinna Harfouch (Sabine) et Heiner Lauterbach (Wolf), sont excellents. La programmation de ce film à la veille de la Saint-Sylvestre était opportune.