Christophe… définitivement

Dominique Gonzalez-Foester, artiste plasticienne et Ange Leccia, artiste plasticien, ont réalisé ensemble un hommage au chanteur Christophe (Daniel Bevilacqua), décédé du Covid en avril 2020 à l’âge de 74 ans.

Les coréalisateurs ont été chargés de la scénographie d’un concert de Christophe à l’Olympia en 2002. Une relation de confiance s’est établie entre eux et le chanteur, qui les a introduits dans son équipe pour filmer, de l’intérieur, ses concerts et ses répétitions jusqu’en 2006.

Le film présenté sur les écrans trois ans après la mort du chanteur est donc réalisé sur la base d’images et de sons saisis il y a une quinzaine d’années.

« Christophe… définitivement » n’est pas une biographie. Lorsque le chanteur s’exprime, c’est à la limite de l’inaudible. On n’évoque pas l’enfance et l’adolescence du jeune Bevilacqua, on n’exhume pas d’archives du jeune Christophe chantant Aline ou les Marionnettes. Le film constitue plutôt une immersion dans l’univers visuel et sonore de l’artiste.

Il se présente comme une œuvre d’art en elle-même, saturée des sons du chanteur. Dominique Gonzalez-Foester l’exprime ainsi : « le film démarre sur une présence spectrale, il est de dos, c’est un fantôme de lumière mais un fantôme quand même. Cette présence fantomatique, on va la retrouver à plusieurs reprises au cours du film. Ce spectre lumineux prend chair, puis redevient fantôme lumineux… Pour moi, c’est ce qui situe le film dans le temps : Christophe est présent au moment où on a filmé, mais dans notre présent à nous, aujourd’hui, il est un fantôme. »

Le film nous présente un artiste tendu vers la perfection, jamais souriant, irrité par des imperfections de détail, tyrannique mais affectueux avec ses musiciens. Le spectateur se laisse emporter, blackbouler, séduire.

Nous avions vu sur scène au  Pin Galant de Mérignac au printemps 2018. Nous avions été frappés par sa volonté d’aller de l’avant, son horreur de la répétition. Christophe n’est pas un crooner sur le retour. « C’est un créateur lit-on dans le récit du son récital « les vestiges du chaos ». Christophe parle de l’ordinateur, de la palette de sonorités à laquelle il donne accès. « C’est le chaos lumineux, disait-il à Libération, le chaos positif, de la baise, de l’amour. »

Le film de Dominique Gonzalez-Foester et Ange Leccia constitue un bel hommage.

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