Chronique d’étonnement n°55

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

Dans cet article de transhumances, je m’étonne de trouver, dans le parler populaire brésilien, le mot « bougre », très répandu dans les parlers créoles des départements d’outre-mer ; je me dispute avec une petite-fille pour l’avoir appelée « Ma Princesse » ; et je pense que les quartiers mixtes de prisons en Espagne pourraient être avantageusement adaptés en France.

Bougre

J’ai été étonné de trouver dans le roman « O meu pè de laranja lima » (Mon bel oranger), livre écrit en 1968 par le romancier brésilien José Mauro de Vasconcelos, le mot « bugrezinho », « petit bougre ».

Comme l’indique le dictionnaire Orthodidacte, le mot bougre existe dans différents créoles (réunionnais, guyanais, martiniquais…) sous la forme boug, et signifie simplement « homme, individu quelconque ».

À La Réunion, ce mot a une consonnance péjorative : il s’emploie d’habitude pour désigner des personnes que l’on considère comme inférieures. Peut-être est-ce dû à l’origine du mot qui, selon le Larousse, viendrait du bas latin bulgarus, « les hérétiques bulgares passant pour se livrer à la sodomie. »

 

Princesse

Je couche ma petite-fille de trois ans. « Bonne nuit, Ma Princesse ! » Je ne suis pas ta princesse » rétorque-t-elle mécontente en se retournant.

Le lendemain matin, la voici tout sourire. « Je ne suis pas ta princesse. C’est ton chat que tu appelles Ma Princesse ! » « D’accord, désormais tu seras Ma Petite Reine ! » Elle ne sait pas encore que tel est l’attribut de ma bicyclette.

 

Prison mixte en Espagne

TVA Nouvelles a reproduit le 1er décembre une dépêche de l’Agence France consacrée à la prison de Teixeiro, dans la région de Galice en Espagne. « Dans le quartier Nelson Mandela, où a pu entrer l’AFP, 20 femmes et 35 hommes partagent quotidiennement des activités, des formations, des thérapies de groupe, travaillent ensemble. Leurs cellules sont dans un même couloir. Tous volontaires, ces détenus sont sélectionnés sur la base de leur comportement. Les personnes condamnées pour violences sexuelles en sont exclues.

« Pays considéré comme une référence en Europe en matière de droits des femmes, poursuit l’AFP, l’Espagne expérimente depuis une vingtaine d’années la mixité carcérale (…) Au total, près de 925 hommes et 202 femmes cohabitent actuellement dans 20 quartiers mixtes du pays. Une proportion de détenus qui reste toutefois très faible par rapport à une population carcérale d’environ 47 000 personnes.

« Cela n’a pas de sens de préparer la vie en liberté, avec seulement la moitié de la population », insiste Nadia Arias, directrice adjointe de la prison de Teixeiro, qui observe, dans les modules mixtes, une « normalisation du vivre-ensemble entre hommes et femmes ».

Les « modules de respect », implantés en France depuis quelques années, dans lesquels les personnes détenues bénéficient d’un régime de détention plus souple en contrepartie de l’acceptation d’obligations, sont inspirés d’une expérience espagnole. La mixité pourrait aussi s’insérer dans la politique pénitentiaire en France.

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