Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, j’ai été étonné d’apprendre que les nazis avaient organisé un atelier de fabrication de fausses livres sterling sur une vaste échelle. Je me suis demandé pourquoi une exposition permanente du musée de Bretagne à Rennes portait sur l’Affaire Dreyfus. J’ai été ému par un article du quotidien The Guardian sur un homme qui, bénévolement, accueille dans son minuscule logement des sans-abris.
Fausse monnaie, arme de guerre
J’ai appris dans « Canal Mussolini, deuxième partie » d’Antonio Pennacchi un épisode méconnu de la seconde guerre mondiale. Les nazis avaient organisé entre 1942 et 1944 dans le camp de concentration de Schachsenhausen, près de Berlin, un atelier de production en masse de faux dollars et de fausses livres sterling afin de déstabiliser l’économie de l’adversaire.
Ils avaient regroupé dans des baraques isolées du reste du camp par des lignes électriques à haute tension 137 déportés juifs de treize nationalités, experts en fausse monnaie : dessin, graphisme, imprimerie… « La crème du crime européen outre que de l’art typographico-bancaire », comme les décrit Pennacchi. « Ce fut le plus grand faux de l’histoire. Ils imprimèrent plus de cent trente millions de livres sterling. »
L’affaire Dreyfus au musée de Bretagne
Le musée de Bretagne à Rennes consacre une exposition permanente à l’affaire Dreyfus. La raison en est le procès en révision qui s’est tenu dans un lycée de cette ville du 7 août au 9 septembre 1899.
Alfred Dreyfus avait été condamné au bagne cinq ans auparavant sous l’accusation de haute trahison. Au terme d’une longue lutte, ses défenseurs avaient accumulé les preuves de l’erreur judiciaire et avaient arraché la cassation du jugement de 1894.
Ces preuves étaient sous les yeux des juges militaires. Sous la pression d’une opinion en majorité convaincue que Dreyfus étant Juif il était nécessairement traître, les juges confirmèrent pourtant sa culpabilité tout en lui accordant des circonstances atténuantes. Dreyfus ne fut pas renvoyé au bagne, mais purgea sa peine à la prison de Rennes jusqu’à ce que le président de la République lui accordât sa grâce. Il ne fut réhabilité qu’en 1906.
L’exposition consacrée à l’affaire Dreyfus au musée de Bretagne témoigne de cet épisode peu glorieux de notre système judiciaire, et rend hommage aux hommes qui surent résister aux préjugés haineux.
Improbable bienfaiteur
The Guardian a publié le 30 avril 2024 un article de Samira Shakle intitulé « L’homme qui a transformé sa maison en abri pour les SDF ».
« Stuart Potts est un improbable bienfaiteur, écrit Samira Shakle, un ancien addict au crack qui a touché le fond plus d’une fois. Mais depuis 2020 il a offert à des centaines de personnes un lit dans son petit appartement – et pour beaucoup d’entre eux, cela a changé leur vie. »
L’homme est âgé de 43 ans. Il a vécu une jeunesse tumultueuse, connu la prison, s’est stabilisé, marié, a eu des enfants. La rupture de son mariage l’a rendu addict au crack, l’a fait sombrer, il s’est retrouvé à la rue. Il a trouvé le moyen de se désintoxiquer et s’est consacré à l’accompagnement des sans-abris, d’abord en organisant le squat de locaux commerciaux (plus difficiles à déloger que les habitations privées), puis en accueillant chez lui des sans-abris dans son minuscule appartement et dans une caravane installée dans son jardin, dans une ville à la périphérie de Manchester.
La journaliste du Guardian indique que « Stuart Potts a été propulsé dans la position légèrement inconfortable d’être un porte-parole respecté de la justice pénale. L’année dernière, il devait prononcer un discours sur les difficultés rencontrées par les anciens prisonniers lors de la conférence du parti conservateur, mais s’est vu refuser l’entrée en raison de son casier judiciaire, une ironie qui ne lui a pas échappé. »