Chronique d’étonnement n°65

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

Dans cet article de transhumances, je partage la stupéfaction éprouvée par beaucoup de Français à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale ; je découvre la personnalité exceptionnelle de Jean Monnet ; et la perspective d’un « sursaut sécuritaire et pénal » annoncé par le Rassemblement national semble de mauvais augure.

Dissolution

Le score historique du Rassemblement national aux élections européennes ne m’a pas étonné. La stratégie du pouvoir consistant à affaiblir l’extrême-droite en mettant en œuvre ses politiques (loi immigration, tout-carcéral) aboutit à l’inverse à rendre ses idées banales et donc acceptables.

En revanche, je ne m’attendais pas à la dissolution de l’Assemblée nationale. On comprend ce qui a pu motiver le président : la crainte d’un vote de censure à l’automne, l’espoir que l’extrême-droite au gouvernement se décrédibilise d’ici l’élection présidentielle de 2027. Il reste que c’est la décision d’un seul homme, qui a pris à revers jusque ses propres ministres. Un coup de poker qui engage notre destin commun.

 

Jean Monnet, du Cognac à l’Europe

France 5 a récemment diffusé « Jean Monnet, l’aventurier de l’Europe », documentaire de Christian Haleu.

Je connaissais peu la personnalité de Jean Monnet (1888 -1979). Je savais seulement que son nom était associé à la construction de l’Europe dans les années consécutives à la seconde guerre mondiale.

C’est un personnage hors du commun que révèle le documentaire de Christian Haleu. Rien ne prédisposait cet héritier d’une famille de négociants en cognac à s’occuper de la chose publique.

À seize ans, il part à Londres dans la filiale de l’entreprise familiale s’initier au négoce international. C’est ensuite dans une banque qu’il travaille, à New-York. Il s’installe à Shanghai pour créer, sous le patronage de la femme de Tchang Kaï-chek, une banque de développement.

Lorsque fait rage la première guerre mondiale, son réseau international et son esprit pragmatique nourri par l’expérience du commerce lui fait proposer aux gouvernements français et britannique de mettre en commun leurs chaînes d’approvisionnement. Son idée est adoptée et mise en pratique.

À la veille de la seconde guerre mondiale, il convainc Roosevelt d’accroître considérablement la production d’avions de combat. Après le conflit, il est à l’origine de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), dont les ennemis d’hier, la France et l’Allemagne, sont les protagonistes. Il échouera, en revanche, dans son projet de mettre en commun des moyens de défense dans une Communauté Européenne de Défense.

La vie privée de Jean Monnet fut aussi hors norme. Éduqué dans une famille provinciale traditionnelle, il tomba amoureux d’une femme mariée. C’est à Moscou, alors capitale de l’URSS, que celle-ci put obtenir le divorce et que le couple jusqu’alors illégitime put se marier.

 

Sursaut sécuritaire et pénal

Présentant le programme du Rassemblement national, Jordan Bardella a appelé à « un sursaut sécuritaire et pénal ».

Au cours de ces dernières années, la réponse pénale s’est considérablement durcie. En 2019, 90 000 années prison ferme ont été prononcées, soit une augmentation de 70% en vingt ans. Cette inflation est la principale cause de la surpopulation carcérale. On est loin du « laxisme ».

Le second mandat du président Macron a été principalement axé sur le rétablissement de l’autorité, aux frontières, dans les quartiers et les écoles. Il a appliqué une politique de droite extrême. Où nous conduirait le « sursaut » annoncé si le Rassemblement national parvenait au pouvoir ?

 

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