Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, je mentionne ce que m’ont appris des rencontres d’été ; je m’étonne que 87% des Français en appellent à une justice plus sévère ; je constate les vents contraires auxquels l’extrême droite s’est trouvée confrontée cet été et m’interroge sur leur pérennité.
Il y a deux sortes de gens
Des rencontres d’été font revenir à mon esprit ce que disait un patron d’une banque où je travaillais dans les années quatre-vingt : « il y a deux sortes de gens, ceux qui font et ceux qui expliquent pourquoi ils ne peuvent pas faire. Les seconds sont nettement plus nombreux. »
Je constate aussi qu’il y a deux sortes de gens. Ceux qui cherchent d’abord et avant tout à éviter de souffrir, et ceux qui apprennent à vivre avec la souffrance et en acceptent le risque. Les premiers ont nettement plus nombreux.
Justice laxiste ?
Une récente étude de l’institut CSA, réalisée pour CNews, Europe1 et le JDD, révèle que 87 % des Français souhaitent une justice plus sévère envers les délinquants. Cette opinion est partagée même par les partisans de la France Insoumise (79%), du Parti socialiste (75%) et par les écologistes (72%).
La justice serait-elle donc laxiste ? Un récent éditorial de Ouest France rappelait pourtant que « contrairement à d’autres pays européens, en France le nombre de détenus augmente : il a doublé depuis 1982, passant de 57 détenus à 111 pour 100 000 habitants, observe l’OIP. Augmentation aussi du nombre d’années de prison ferme, passé d’environ 54 000 en 2000, à près de 90 000 en 2019, écrit la Cour des comptes ».
Ne faudrait-il pas renverser la perspective ? Il est clair que l’abus de la prison constitue un carburant pour la délinquance. On sait qu’entasser des jeunes issus en majorité de milieux populaires dans des conditions indignes, réduits à l’oisiveté, fabrique de la frustration et favorise la formation de réseaux délinquants.
Ce n’est pas par une sévérité accrue de la justice que sera améliorée la sécurité des citoyens. C’est par la mise en œuvre d’une nouvelle politique pénale, dans laquelle la réinsertion des délinquants aura enfin la priorité.
L’extrême droite par vents contraires
En juin 2024, l’élection au Parlement européen puis le premier tour des élections législatives avaient confirmé l’hégémonie du Rassemblement National. Il était devenu, et de loin, le premier parti politique de France. Mais surtout, il avait imposé ses thèmes – l’immigration, l’islam, la sécurité – et les partis de droite et du centre n’avaient de cesse de lui emboîter le pas.
Le second tour des élections législatives a vu la persistance du front républicain. En nombre de députés, le Rassemblement National n’est arrivé qu’en troisième position. Il n’a obtenu aucun poste clé dans l’organigramme de l’Assemblée.
Les Jeux Olympiques constituent une autre contrariété pour le parti d’extrême droite. Les étrangers sont accueillis dans une ambiance festive et sereine. La France, décrite par lui comme à l’agonie, est louée pour la qualité de l’organisation et ses sportifs accumulent les médailles, peu importe s’ils soient « de souche » ou « adoptés ».
On comprend que la cérémonie d’ouverture des Jeux ait provoqué la colère de leaders d’extrême droite. Elle était créative, audacieuse, cosmopolite, tout ce qu’ils ne supportent pas.
S’ajoutent aux mauvaises nouvelles les difficultés de la campagne du grand frère Donald Trump, depuis l’irruption de Kamala Harris. Il est possible que cette période de vents contraires pour l’extrême droite soit de brève durée. Du moins, en cet été 2024, aura-t-elle rendu plus léger l’air que nous respirons.