Chronique d’étonnement n°77

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

Dans cet article de transhumances, je m’étonne de l’aveuglement des journalistes sur ce qui pouvait se passer en Syrie ; je relève le cynisme des autorités russes qui accueillent la famille Assad « pour des considérations humanitaires » ; je constate le développement spectaculaire de la bicyclette à l’Île de La Réunion ; et je partage l’effarement de la Contrôleure des lieux de privation de liberté confrontée à la situation de la prison de Majicavo, à Mayotte.

Assad

La chute en quelques jours du régime des Assad en Syrie a constitué une énorme surprise. Dans cette surprise, un sujet d’étonnement est l’aveuglement des médias français sur la fragilité de ce régime.

On lit maintenant qu’il était devenu totalement dépendant de ses sponsors iranien et russe ; que l’armée, consacrée au trafic du captadon (une drogue de synthèse), n’était pas prête à combattre ; que l’effondrement de la monnaie et l’appauvrissement de la population avait privé le régime de tout soutien populaire, même parmi les Alaouites.

Mais la veille de la chute de Damas, Le Monde prévoyait que le régime regrouperait ses forces et que la capitale était hors de portée des rebelles. Mon journal de référence n’a rien vu venir, et ce n’est guère rassurant.

Considérations humanitaires

Un communiqué de sources proches du Kremlin annonce que « Assad et les membres de sa famille sont arrivés à Moscou. La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l’asile »

C’est probablement aussi sur la base de considérations humanitaires que des milliers de civils syriens, hommes, femmes et enfants, ont péri sous les bombes de l’aviation russe pendant des années.

Nous sommes habitués au cynisme, mais seulement jusqu’à un certain point. Il continue d’étonner.

La Petite Reine de La Réunion

Le vélo a toujours eu une place à La Réunion. Un Tour de la Réunion a lieu chaque année en septembre en six étapes. Des descentes en VTT des flancs du Maïdo existent depuis plusieurs années.

Mais c’est à une véritable explosion du cyclisme qu’on assiste actuellement : des pistes cyclables sont tracées, des boutiques de location de cycles ouvrent, on croise de plus en plus d’usagers de la bicyclette qui se rendent au travail ou emmènent leurs enfants à l’école.

Le développement de l’assistance électrique y contribue : dans une île vertigineusement escarpée, il est bon de pouvoir compter sur l’aide d’un moteur.

Majicavo

Nicolas Jauniaux, directeur de la prison de Majicavo à Mayotte, a démissionné de ses fonctions. Les responsables d’établissements pénitentiaires sont habitués à vivre avec une pression énorme, due à la violence que représente en elle-même l’enfermement, aggravée par la surpopulation. Cette démission présente toutefois un caractère exceptionnel.

Dans un récent rapport de la Contrôleure des lieux de privation de liberté, on lit en particulier : « largement livrés à eux-mêmes, mal nourris et mal vêtus, les détenus peinent d’autant plus à se percevoir comme sujets de droit qu’ils sont rarement traités comme tels ». Ou encore : « l’encadrement intermédiaire, notoirement insuffisant, entraîne des postures professionnelles inadaptées, empreintes de xénophobie […] vis-à-vis des détenus, dont 64 % sont étrangers. »

La situation de la prison de Majicavo ne peut être séparée du chaos généralisé sur l’île. Comme toujours en matière pénale, la solution évoquée consiste en la création d’une nouvelle prison, mais le projet n’avance pas, faute de terrains.

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