Chronique d’étonnement n°79

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

Dans cet article de transhumances, je m’émerveille d’un après-midi au cirque ; je m’étonne de la décision du Danemark de déporter au Kosovo des détenus étrangers ; et je découvre que l’entretien des parcs de New-York a échappé à la privatisation grâce au travail gratuit dont bénéficie la municipalité.

Au cirque

Nous assistons avec deux petites-filles âgées de neuf et huit ans au spectacle du Cirque Arlette Gruss à Bordeaux.

Nous nous trouvons en pays de connaissance. Un chapiteau, les spectateurs en cercle autour de la piste, les acrobates et les jongleurs, le numéro de dressage des chevaux noirs et blancs, l’orchestre au-dessus de l’entrée des artistes, la synchronisation des mouvements à la seconde et au centimètre près.

L’art du cirque a aussi beaucoup changé. Il n’y a plus de lions, de tigres ni d’éléphants. Le clown triste et le clown blanc sont remplacés par un grand escogriffe dégingandé qui s’amuse avec le public dans l’intervalle entre deux numéros. La différence la plus notable avec le cirque d’autrefois est que tous les mouvements sont chorégraphiés. La danse moderne est devenue aussi un art circassien.

J’aime ce changement d’époque. Un seul regret toutefois : la disparition de l’illusionniste, du prestidigitateur qui contribuait à la magie d’un après-midi au cirque.

Le Danemark va déporter des prisonniers étrangers au Kosovo

Bien que le taux d’incarcération au Danemark reste faible (71 détenus pour 100 000 habitants contre 111 en France), le pays fait face à une augmentation de la population carcérale ainsi qu’à un manque de personnel dans les prisons. Un millier de places ferait défaut cette année dans les prisons danoises.

Une loi du 21 juin 2022 prévoit la déportation, vers la prison de Gjilan au Kosovo, de 300 détenus non citoyens de l’Union Européenne, dont l’expulsion est prévue au terme de leur peine. L’objectif est double : réduire la surpopulation carcérale et expulser par anticipation des étrangers du territoire national. Le Nordic Journal of Criminology parle de « crimmigration ».

Il s’élève contre la marchandisation des prisonniers, exportés comme des biens et services. Il souligne les questions et les préoccupations que soulève cette déportation hors des frontières, sans la présence de fonctionnaires danois : de quelle protection juridique les prisonniers ainsi déplacés bénéficieront ils ? Quelles seront leurs conditions de détention ?

Les parcs de New-York

Dans la série « les idées larges », Arte TV a consacré une émission sur le thème « et si on travaillait tous gratuitement ? » La sociologue Maud Simonet, spécialiste du bénévolat, citait l’exemple de la mise en concurrence de la Mairie de New-York et du secteur privé pour l’entretien des parcs de la ville. La mairie l’emporta, grâce au travail gratuit dont elle dispose.

La mairie de New-York a su en effet motiver un grand nombre de bénévoles prêts à consacrer du temps gratuitement pour améliorer leur environnement. Elle profite aussi du travail que des allocataires de prestations sociales doivent fournir pour conserver leurs droits.

Cette situation fait écho aux questions que se posent souvent les bénévoles : le travail que je fournis gratuitement ne devrait-il pas être exécuté par un agent du service public ? En d’autres termes, mon travail n’est-il pas indûment exploité par l’État ?

Il n’existe probablement pas de réponse tranchée à cette question. On peut seulement observer que la capacité d’intervention de l’État n’est pas illimitée, particulièrement dans un contexte de déficits publics hors de contrôle, et qu’un grand nombre de personnes sont prêtes à s’engager bénévolement pour une cause qui leur tienne à cœur.

 

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