Le Financial Times a publié le 26 octobre un article de Beppe Severgnini intitulé : « comment l’Italie parvient-elle à survivre en ayant l’élève absentéiste comme leader ? » (how Italy just survives having the class truant as leader).
Severgnini rappelle la moue du président Sarkozy et les yeux levés au ciel de la chancelière Merkel lorsqu’en conférence de presse, un journaliste leur demanda s’ils avaient confiance dans le président du conseil italien Berlusconi. « Il est vrai qu’à la plupart des Italiens cette scène embarrassante fut épargnée dans la mesure où les principales chaines de télévision, possédées ou contrôlées par le premier ministre, évitèrent l’incident. Mais la situation est affreuse. »
« Comment la huitième économie du monde peut-elle continuer avec un premier ministre décevant, un gouvernement faible, une opposition faible et ses finances en détresse ? » Severgnini explique que si le pays échappe à la dépression nerveuse, c’est parce qu’il reçoit l’orientation de l’extérieur et la force de l’intérieur.
Orientation de l’extérieur : il est clair que le penchant populiste de Berlusconi l’aurait incité à dépenser plus, bien que la dette publique atteigne 127% du PNB. Mais la pression externe ne s’arrête pas à l’économie. Severgnini souligne que Berlusconi est allé en guerre contre Kadhafi, qu’il avait autrefois qualifié de « un leader de la liberté » sous la pression étrangère : « aller en guerre parce que vous ne pouvez pas dire non, c’est peut-être une première. »
Force de l’intérieur. Le journaliste souligne la force de la démocratie locale en Italie. « Si vous allez une couche plus profond, les choses fonctionnent encore mieux. Dans les temps difficiles, les familles italiennes se mettent à faire ce qu’elles font le mieux, prendre soin de chacun d’une manière que les familles du nord de l’Europe ou des Etats-Unis ne feraient pas. Quelque 24 millions de ménages italiens deviennent des logeurs, des agences de baby-sitting ou des maisons de retraite. Quelques unes agissent comme des banques – les prêts pour le premier logement proviennent inévitablement de parents – comme compagnies d’assurance ou comme agences de placement – un italien sur trois reconnait avoir trouvé un emploi par relations. »
« En un mot, l’Italie tient parce qu’elle est contrôlée à distance de l’extérieur et micro-régulée de l’intérieur. Ce que nous n’avons pas, c’est un gouvernement et un leader au milieu. Il est temps que nous les ayons avant qu’il ne soit trop tard. »
Photo La Repubblica : Silvio Berlusconi.