Compartiment n°6

« Compartiment n°6 », film de Juho Kuosmamen, est un beau film sur le voyage et à la recherche d’identité. Il a obtenu le prix de Jury au Festival de Cannes.

 Au début des années 1990, Laura (Seidi Haarla), Finlandaise, est à Moscou pour apprendre le russe et compléter un cursus d’archéologie. Elle partage la vie d’Irina, son amoureuse, dont elle envie l’intense vie sociale dans un grand appartement chargé de livres et d’images. On sent bien, dès le début du film, que Laura se sent étrangère, déconnectée comme le dit le réalisateur.

 Laura et Irina ont le projet d’aller en train à Mourmansk, dans le grand nord, à la rencontre les pétroglyphes, inscriptions gravées dans le roc vieilles de 10 000 ans. Au dernier moment, Irina se désiste, Laura décide de poursuivre seule le voyage.

Dans le compartiment n°6, où elle a réservé sa place, se trouve un homme d’une trentaine d’années (Uriy Borisov). Il est Russe et se rend, lui aussi, à Mourmansk. Il est Russe. Tout en lui horripile Laura : sa manière de s’étaler, ses propos grivois, ses tentatives pour faire effraction dans sa vie.

 Le voyage dure plusieurs jours et plusieurs nuits. Il n’y a pas moyen de changer de compartiment et de compagnon de voyage. L’homme s’appelle Ljoha. Il est Russe, il voyage à Mourmansk pour travailler dans une mine et se faire de l’argent. Peu à peu, un lien se tisse.

 Lors d’un arrêt prolongé, Ljoha convainc Laura de l’accompagner pour dîner chez une vieille femme qui a des théories bizarres : elle prétend que les Irlandais sont plus nombreux que les Chinois, puisque seuls les roux sont humains. Par chance, Laura elle-même est rousse !

Ljoha accompagnera Laura jusqu’au bout de son voyage au bord de la mer arctique, un jour de tempête. « Au début, elle est déconnectée, dit Kuosmamen ; à la fin, elle est connectée. En fait, au début, elle aimerait être comme Irina – intellectuelle, moscovite… Et pendant ce voyage, elle se rend compte qu’elle est en fait plus comme Ljoha : un peu sauvage, maladroite et solitaire. »

 Laura écoute « Voyage Voyage » de Desireless. Le spectateur se laisse emporter, au rythme lent du train, par l’étrangeté d’un pays rendu rigide par l’hiver et aussi par la montée, peu à peu, d’un sentiment amoureux qui réchauffe.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *