La langue française a fourni un slogan de la révolution égyptienne du 11 février : « dégage ! »
Sur la Place Tahrir du Caire, les manifestants ont demandé le départ du Président Moubarak. L’un de leurs slogans venait de Tunisie : après « Ben Ali, dégage ! », ce fut « Moubarak, dégage ! ». Le pays de la Bastille et des Droits Humains a ainsi fourni une contribution linguistique, même involontaire, à ce qui restera comme la révolution du 11 février. Nous sommes ici pour y rester, disaient les manifestants ; c’est à lui de partir.
Le 10 février au soir, je suis resté fasciné par le spectacle que présentait la chaîne Al Jazeera. Dans la moitié gauche de l’écran, le Président Moubarak annonçait à ses fils et ses filles égyptiens l’intention de se maintenir au pouvoir pour ne pas plier aux pressions de l’étranger et pour garantir une transition pacifique. Dans la moitié droite, une marée humaine passait de la jubilation d’une démission annoncée à la consternation puis à la colère. Le fossé entre le dirigeant et son peuple sautait aux yeux.
Les révolutions sont toujours lourdes d’incertitudes. Mais le spectacle d’un peuple tout entier se libérant de ses chaînes est émouvant et beau.
Photo « The Guardian ».