Arte TV a diffusé récemment « deux sœurs », un film allemand d’Anne Wild. Une famille est bouleversée par la décision de Kati de se faire religieuse dans un ordre de moniales cloîtrées.
La famille de Kati Kerstoff (Marie Leuenberger) est réunie pour sa prise de voile dans un immense monastère de Souabe (Bavière). La cérémonie est interrompue car l’une des novices n’est plus sûre de vouloir aller de l’avant. C’est une belle journée de printemps. On s’installe dans un pré pour piqueniquer.
Quelle mouche a piqué Kati pour qu’elle prenne la folle décision de se retirer du monde ? Regrette-t-elle déjà cette folie ? Et moi, qu’ai-je fait de ma vie, s’interrogent la mère autoritaire, le frère qui s’entête dans un projet failli d’édition de livres anciens, et surtout Saskia (Maria Schrader) qui entend vivre libre. Saskia est-elle heureuse ? Elle est installée dans la Londres intellectuelle, chante et dessine… mais la décision radicale de sa sœur lui fait réaliser qu’elle n’a ni métier, ni compagnon, ni enfant.
Saskia pénètre par effraction dans la clôture. Dans le cloître, elle retrouve Kati. C’est bien elle qui hésite et a fait suspendre la cérémonie de prise de voile. Elle a besoin de parler avec Saskia. Parler est d’ailleurs un mot inadapté, puisqu’elle a promis, jusqu’à la cérémonie, de garder le silence. Saskia pose des questions, et elle répond silencieusement par les expressions de son visage.
Kati avait besoin de cette ultime rencontre pour faire le grand saut. Pendant la cérémonie, Kati et Saskia chantent à l’unisson une chanson qu’elles partageaient adolescentes.
« Deux sœurs » est un film inégal, drôle et touchant par moments, mais aussi parfois lourd et maladroit. Mais la rencontre silencieuse de Kati et Saskia dans un cloître baroque au moment où l’une et l’autre affrontent leur destin est une scène poignante.