Comme beaucoup, je suis sidéré par l’affaire Strauss Kahn.
J’ai consacré le 5 mai un article de « transhumances » au livre de Stéphanie Antoine « DSK au FMI, Enquête sur une renaissance ». L’auteure montrait comment cet homme charismatique avait profondément transformé le Fonds Monétaire International et l’avait placé au cœur des débats sur la crise financière globale, la crise de l’euro et le développement.
La « renaissance » d’un homme politique auréolé d’un immense prestige international s’est interrompue brutalement dans un commissariat de New York. La réalité dépasse la fiction, et il n’y a nul doute que des livres, des films, des pièces de théâtre et des comédies musicales s’empareront du drame ahurissant qui se déroule sous nos yeux par caméras interposées. Du Fonds monétaire aux bas-fonds.
Drame d’une jeune femme guinéenne qui, en portant plainte contre son agresseur, a déclenché une tempête qui chamboule son existence.
Face à face, dans une suite luxueuse, d’un homme puissant et riche et d’une femme de chambre. Il est blanc. Elle est noire. Elle est jeune. Il est vieillissant.
Mains menottées dans le dos sous le flash des caméras. Humiliation d’un banc de commissariat. Promiscuité avec des dealers et des petits délinquants.
Immense gâchis d’un homme qui va pendant des mois tenter de se disculper d’un viol au lieu de conquérir l’Elysée. Talent gaspillé.
Incrédulité de l’opinion publique. Théorie du complot. Antiaméricanisme. Préjugés, rancœurs, dessous de la ceinture.
Une grande tristesse a pris possession de moi et ne se dissipe pas. Je me sens au fond.
Photo : DSK avec son avocat lors de sa comparution à New York.