Elvis

« Elvis », film de Baz Luhrmann, retrace la vie d’Elvis Presley (1935 – 1977) à travers le prisme de sa relation ambigüe avec son agent et pygmalion.

 Elvis Presley a grandi dans un quartier populaire de Memphis. Ses amis d’enfance sont noirs. Il est subjugué par le Gospel qui se chante au temple évangélique et par les transes des fidèles possédés par l’Esprit. Jeune adulte (joué par Austin Butler), il est repéré par le Colonel Tom Parker (Tom Hanks) qui voit en lui un phénomène de foire : un blanc chantant de la musique noire, capable d’électriser des foules d’adolescentes blanches.

 Parker prend en main la carrière de Presley, avec pour objectif de gagner le plus d’argent possible. En 1968, la carrière de son protégé est lancée. Mais elle menace d’être interrompue si les autorités des États du sud le font arrêter pour immoralité. On ne peut même exclure que le jeune artiste soit assassiné, comme Martin Luther King et Bob Kennedy. Pour Parker, la pompe à fric risque de s’assécher.

Le Colonel imagine alors un « nouveau Elvis ». Celui-ci fera son service militaire en Allemagne d’où il reviendra cheveux courts et chansons sages. Mais Elvis rencontre la belle Priscilla (Olivia DeJone), ils ont une fille, il entend redevenir lui-même. L’adaptabilité de l’impresario est à l’égal de son avidité. Elvis entend revenir au rock-n-roll et aux déhanchements ? Très bien, mais à l’International Hotel de Las Vegas qui vient de se créer et a besoin d’une tête d’affiche pour sa salle de spectacle.

 Elvis rêvait de chanter en Allemagne et au Japon. C’est sur la scène de l’International Hotel qu’il chantera pendant des années. Pour tenir, il se drogue. Cet homme doit être sur scène ce soir, ordonne Parker alors que l’artiste fait un malaise. Vous l’avez tué, lui reprocheront des journaux après sa mort. Non, ce qui l’a tué, c’est son amour pour son public, répondra Parker.

 Les acteurs, Austin Butler et Tom Hanks sont impressionnants. On reconnait difficilement Tom Hanks, habitués que nous sommes à le voir jouer des personnages médiocres et honnêtes devenus héros malgré eux. Chaque jour, il devait subir 3 à 5 heures de maquillage et de transformations de son physique pour jouer le Colonel Parker à 45 ans, 60 ans et 87 ans. Austin Butler dut, lui aussi, subir d’interminables séances de maquillage, principalement quand il interprétait Elvis en surpoids, dans les dernières années de sa vie : « Quand j’ai enfilé ce costume grossissant, cela me semblait vraiment très lourd. Puis on m’a installé dans la combinaison de scène et mes poumons étaient comprimés, je ne pouvais que respirer de façon superficielle et j’avais vraiment très chaud. Ça donnait une sensation de claustrophobie et ça m’a rendu profondément triste, car Elvis ressentait sans doute la même chose – il ne pouvait pas vraiment respirer. Et pourtant sa voix portait encore ».

 On est époustouflé par la virtuosité du metteur en scène Baz Luhrmann, qui entraîne le spectateur dans le tourbillon d’une vie menée à un rythme effréné, dans une Amérique en pleine fracture.

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