L’Assemblée nationale élue le 7 juillet devra « en même temps » trouver les voies de compromis permettant au pays d’être gouverné et s’attacher à résorber les fractures qui nourrissent le vote pour l’extrême droite.
« En même temps » était le leitmotiv d’Emmanuel Macron. Exprimé en termes négatifs, il s’exprimait sous le mot d’ordre « ni droite, ni gauche ». On sait qu’au fil des mois et des années, sa politique a tendu vers le « ni gauche, ni gauche » : réforme des retraites, loi sur l’immigration. En faisant siens des thèmes d’extrême droite, il les a banalisés et a contribué à l’essor électoral impressionnant du Rassemblement national.
Le paradoxe est que si le slogan « en même temps » a été répudié dans les urnes, il faudra bien pourtant mener simultanément des actions réputées contradictoires.
La première consiste, après le traumatisme des élections, à pacifier les esprits. Le compromis parlementaire n’appartient pas à la culture de la cinquième république, conçue pour l’alternance de deux blocs, chacun structuré autour de principes et de programmes intangibles. Notre personnel politique devra apprendre à négocier, c’est-à-dire à accepter de renoncer à ce qui n’est pas essentiel.
Pourtant, des années de libéralisme économique ont laissé de larges secteurs de la population appauvris et frustrés, dans les « quartiers » des grandes villes, dans les banlieues périurbaines, en monde rural. Le programme rédigé à la hâte par le Nouveau Front Populaire énonce des priorités : investir dans les services publics ; revenir sur les réformes imposées au forceps, en particulier celle des retraites ; donner un coup de pouce aux plus faibles rémunérations. Et pour cela, abandonner le dogme de la non-augmentation des impôts, rétablir l’Impôt de solidarité sur la fortune.
Ne pas s’engager dans des réformes structurelles allant dans le sens des valeurs républicaines, Liberté, Égalité, Fraternité, ce serait travailler à l’accession au pouvoir, dans trois ans ou avant, de ceux qui prospèrent sur les colères. Entre esprit de compromis et volonté d’avancer vers plus de justice sociale s’annonce une période de délicat funambulise politique, au risque toujours de tomber dans un blocage funeste pour notre pays.
