En prison après en avoir escaladé le grillage

Sous la plume de Florence Moreau, le quotidien Sud-Ouest a publié le 2 novembre un article intitulé « en prison après en avoir escaladé le grillage ».

 On y apprend que quelques jours plus tôt un Libyen de 27 ans avait été interpellé alors qu’il venait d’escalader le grillage d’enceinte du Centre pénitentiaire de Bordeaux Gradignan. Il avait été déposé sur le chantier de la nouvelle prison et avait agi au signal venu de l’intérieur.

 « Dans le sac qu’il portait en bandoulière et qu’il était censé jeter par-dessus le mur, les surveillants ont saisi 19 grammes d’herbe de cannabis, 104 grammes de résine de cannabis, un téléphone, un chargeur, des cigarettes, le tout dissimulé dans de la viande hachée ».

Cet incident révèle les produits qui circulent de manière illicite en prison, soit pour l’usage personnel, soit comme monnaie d’échange : les cigarettes (comme monnaie d’échange, car on peut les « cantiner »), le hashish, le téléphone portable et son chargeur.

 Il met aussi en lumière la question des dettes contractées par des détenus à l’égard d’autres détenus. Le jeune Libyen a expliqué au juge que lors d’un précédent séjour en prison, il avait emprunté de l’argent pour aider sa mère. Il était redevable et se sentait sous la contrainte.

 « Ce sont toujours les mêmes qui se font pincer, soupire l’avocat Sylvain Bouchon. Une dette issue du monde carcéral vous poursuit à l’extérieur. Il n’y a pas de frontière hermétique entre dedans et dehors pour cela non plus. Le créancier lui a mis la pression ». Le jeune Libyen a été condamné à six mois de prison ferme.

 L’endettement constitue une toile de fond de l’existence de nombreux prisonniers. Il y a les dettes contractées avant l’incarcération et qui continuent de courir : les emprunts à rembourser, le loyer qu’il faut continuer de payer, la pension alimentaire. S’y ajoute le dédommagement des parties civiles. Et les cigarettes, la drogue et le téléphone qu’on s’est procurés en prison à charge de rembourser un jour.

 Le groupe local de concertation prison de Bordeaux organise le 29 novembre au cinéma Utopia une soirée-débat sur le thème des journées nationales prison : « pauvretés dedans, pauvretés dehors ». L’endettement carcéral en fait partie.

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