La Base sous-marine de Bordeaux présente jusqu’au 14 décembre une remarquable exposition consacrée à Georges Rousse. Son titre : « espace(s) : métamorphoses poétiques ».
« Transhumances » s’est fait l’écho à plusieurs reprises d’expositions à la Base sous-marine de Bordeaux. Il n’y a en apparence pas de lieu plus hostile à l’art que cette forteresse massive construite en béton et salie par les années. Cet ouvrage de force brute a été construit pour la guerre. Pourtant, ses entrailles caverneuses constituent un écrin précieux pour les œuvres d’art qui y sont présentées, judicieusement éclairées. L’approche le long des bassins où accostaient les sous-marins allemands pendant la seconde guerre mondiale diffuse un sentiment d’étrangeté.
L’exposition consacrée à Georges Rousse se distingue des précédentes. En effet, l’œuvre de cet artiste français né en 1947 est tout entière consacrée à photographier de vastes espaces inutilisés, en particulier des bâtiments industriels désaffectés, et y introduire par photomontage des volumes et des couleurs qui introduisent de la beauté et de la poésie. « Ce sont des lieux, dit Georges Rousse, que l’on pourrait considérer comme étranges, la taille monumentale de l’espace, l’incidence de la lumière sur l’architecture, les perspectives mêlant le vide et le plein, les reliefs, les ombres sont aussi importantes. Je cherche des lieux particuliers, très photographiques et une architecture qui sort du quotidien. »
Georges Rousse a donc été invité à s’emparer de ce lieu extraordinaire qu’est la Base sous-marine. Il raconte dans une interview à « Rue 89 » que dans son enfance, un bâtiment avait pris feu et qu’il avait assisté à ce brasier, fasciné. Jeune, il s’était mis à photographier des lieux marqués par la guerre et la ruine, avec des impacts de balles et des graffitis. Lorsqu’il y a quelques années, il découvrit la Base sous-marine, elle lui apparut « comme une cathédrale, une cathédrale d’un autre type ».
Il ne s’agit donc pas d’une exposition accueillie par la Base sous-marine. C’est la Base sous-marine métamorphosée en poème par l’action de l’artiste. Et c’est magnifique.