Dans « Et la fête continue », Robert Guédiguian et ses acteurs fétiches, Ascaride et Darroussin, emmènent le spectateur dans un Marseille où le sentiment d’urgence le dispute au découragement.
Rosa (Ariane Ascaride) milite depuis toujours, dans son quartier du vieux Marseille et à l’hôpital où elle est infirmière. Elle a deux fils et deux petits-enfants. L’un de ses fils, Sarkis (Robinson Stévenin) a choisi de laisser de côté sa carrière de médecin pour faire vivre un bistrot arménien. Il est passionnément amoureux d’Alice (Lola Naymark) qui, comme Rosa, milite dans des associations.
Henri (Jean-Pierre Darroussin) est le père d’Alice. Il vient de revendre la librairie qu’il possédait et qui ne lui laissait aucun temps libre. Pour reconquérir sa fille qu’il a trop longtemps délaissée, il s’installe à Marseille dans un hôtel.
Le troisième personnage clé du film est Homère, le poète aveugle dont une statue trône près du domicile de Rosa, rue d’Aubagne, juste à côté aussi d’immeubles vétustes qui se sont effondrés le 5 novembre 2018, faisant 8 victimes. Homère ne voit pas, mais il entend les pierres et les poutres tomber, les cris désespérés, la foule qui réclame justice.
La colère gronde dans le quartier marseillais de Noailles. Les élections municipales approchent. Rosa est sollicitée pour prendre la tête de liste, mais les égos et les susceptibilités partisanes empêchent la rédaction d’un programme. À l’hôpital, le personnel est épuisé par les années de Covid et le manque chronique de moyens.
Rosa vit un événement inattendu et bouleversant. Elle tombe amoureuse d’Henri. Un avenir s’ouvre pour elle. Ne serait-ce pas le moment de « penser un peu à elle » et de laisser de côté des engagements qui l’épuisent et ne semblent déboucher sur rien ?
« Et la fête continue » est un film touchant sur le vieillissement et ses surgissements inattendus, et aussi sur la transmission des valeurs d’une génération à l’autre. La bande sonore est excellente.
Évoquant son film, Robert Guédiguian posait ces questions : « comment survivre à l’effondrement et au vide, au sens le plus abstrait, le plus théorique… À l’effondrement de nos grands récits et au vide consécutif de nos modes de vie. Comment Homère peut nous raconter de nouvelles épopées. Sous quelles formes ? »