Jusqu’à 80 000 étudiants étrangers sont inscrits dans des universités de la partie turque de Chypre. Un chiffre surprenant si l’on le compare à sa population : 350 000 habitants.
Quatorze universités s’y sont construites depuis 1974, date de la division de l’île en deux zones, dont six après 2010. Elles sont implantées à Nicosie (Lefkoşa), Famagouste (Gazimağusa), Kyrenia (Girne), Morphou (Güzelyurt) et Lefke.
Six d’entre elles affichent une capacité supérieure à 10 000 étudiants : Near East University, Estern Mediterranean University, Girne American University, Cyprus International University, Final International University et University of Lefke. Elles visent l’excellence dans leurs domaines, de l’ingénierie aux sciences sociales et à la médecine. La plupart sont privées. Les frais de scolarité et de séjour peuvent être élevés. L’enseignement est surtout dispensé en langue anglaise.
Les étudiants viennent de Turquie et d’un grand nombre de pays, principalement d’Asie (Inde, Pakistan, Ouzbekistan…), du Proche Orient (Palestine, Jordanie), du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.
L’objectif poursuivi par le gouvernement de la Turkish Federated State of Cyprus est géopolitique. Son État n’est pas reconnu par la communauté internationale. Il s’agit de développer les entrées de personnes venues d’autres pays. Cela passe par l’expansion du tourisme de masse, hôtels, casinos, night-clubs. Dans le même sens, l’accueil de nombre d’étudiants étrangers contribue à une reconnaissance implicite du fait nord-chypriote. L’enseignement supérieur accroît le niveau des compétences disponibles dans l’île. Il crée aussi les bases d’activités lucratives telles que les implants dentaires ou la fécondation in-vitro.
L’épidémie de Covid a probablement eu un impact important sur les universités, et d’abord sur celles qui se sont tout récemment créées. Il est possible aussi que certains étudiants venus de pays au chômage endémique choisissent de rester dans l’île : l’immigration étudiante se transformerait alors en immigration tout court.
Il reste que le pari des autorités nord-chypriotes de miser sur l’arrivée de jeunes venus de tant de pays mérite d’être suivi avec intérêt.