Fallait pas le dire

France 2 a récemment diffusé « Fallait pas le dire », pièce de Salomé Lelouche jouée par sa mère, Évelyne Bouix, et l’époux de celle-ci, Pierre Arditi.

« Elle » et « lui » forment donc un couple, à la scène comme à la ville. Elle va droit au but, ne s’embarrasse pas de fioritures. Lui arrondit les angles, enjolive la réalité en toute mauvaise foi. Tu aurais pu éviter de dire ceci ou cela…

La pièce est construite en sketchs. La mère de « lui » est le sujet du premier : « elle » lui a dit que le gâteau qu’elle apporte chaque dimanche depuis des décennies est trop sec ; il lui reproche  de l’avoir ainsi rendue malheureuse. Dans le dernier sketch, la question se pose de lui avouer ou non que son mari n’est pas mort il y a trente ans en héros sur le Mont Blanc, mais qu’il s’est fabriqué une autre vie en banlieue parisienne avec une autre femme : faudra-t-il le lui dire ?

 

 

L’écriture est vive, proche de situations réelles. Fallait-il dire qu’elle n’obtiendra ce rôle qu’en couchant avec le directeur du théâtre ? Après tout, si en militante féministe elle entend disposer librement de son corps, pourquoi ne pas l’utiliser pour faire avancer sa carrière professionnelle ?

Fallait-il dire qu’il a viré à droite ? C’est vrai qu’il a voté à droite aux dernières élections, mais comme toute la gauche dérive à droite, il n’a fait que la rejoindre tout en restant fidèle à la mentalité de gauche…

« Fallait pas le dire » est une pièce bien enlevée. À quelles conditions peut-on prendre la parole, se demandait Socrate ? 1- Il faut que ce qu’on dit soit vrai 2- Il faut qu’on soit bienveillant 3- Ce qu’on dit doit être utile. Le dialogue de Pierre et Évelyne inciterait à mettre une quatrième condition, qui rendrait les trois autres inopérantes : 4- Une bataille de mots peut être ludique et jouissive.

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