Fanjeaux en pays cathare

Situé à 25km à l’ouest de Carcassonne, le village médiéval de Fanjeaux a été un haut lieu du catharisme, après que l’évêque cathare Guilhabert de Castres s’y fut installé en 1193.

 Le mot « Cathares » (d’un mot grec signifiant « pur ») n’a été utilisé qu’à partir du vingtième siècle. Auparavant, on disait « Albigeois ». Au douzième siècle, les membres de l’église cathare se désignaient comme les hommes bons, ou bonshommes ; leurs adversaires les désignaient comme des « bougres », en raison de la filiation présumée de leur religion avec l’église bogomile de Bulgarie.

 À la fin du douzième siècle, il s’est agi d’une véritable religion, solidement implantée en Occitanie, avec ses évêques et ses sacrements. Sa doctrine reposait sur un dualisme opposant le monde matériel impur et celui de l’esprit, ce qui excluait qu’un homme, Jésus, ait été Dieu. Les adeptes de cette religion se partageaient entre les simples croyants et les « parfaits » (ou « bonshommes »), qui étaient végétaliens et s’abstenaient de relations sexuelles. Ils souhaitaient revenir à l’idéal évangélique de pauvreté et gagnaient leur vie par le travail.

Sculpture représentant la dispute de Fanjeaux

Pour le pape, le défi était de taille. La nouvelle religion était plus attractive pour les gens du peuple que le Catholicisme dont les monastères amassaient des richesses considérables aux dépens des paysans. Il n’y a rien d’étonnant à ce que la première vague de missions pontificales, menée par des Cisterciens auprès des Albigeois, ait échoué.

 C’est dans ce contexte que Dominique de Guzman s’installe à Fanjeaux. Il participe comme secrétaire à une dispute entre Catholiques et Cathares en 1206, ici ou dans la ville voisine de Montréal. La légende veut que, ne parvenant pas à déterminer le vainqueur, les délégations décidèrent une ordalie. Les mémos des deux délégations furent jetés aux flammes. Celui des Cathares prit feu instantanément ; celui de Dominique s’envola et se colla à une poutre, conservée aujourd’hui dans l’église de Fanjeaux.

Statue de Saint Dominique à Fanjeaux

Dominique avait compris que les prédicateurs ne seraient crédibles que s’ils étaient pauvres. L’ordre religieux qu’il fonda, les frères prêcheurs, connu ensuite aussi sous le nom de Dominicains, fut conçu comme un ordre mendiant. Le pape et le roi de France s’allièrent ensuite pour éradiquer l’hérésie par la manière forte. La croisade contre les Albigeois fut lancée en 1208 et fut marquée par des atrocités. À Monségur, en 1244, 225 fidèles qui n’avaient pas voulu abjurer, y compris des enfants, sautèrent dans un gigantesque bûcher. L’Inquisition fit régner la terreur.

 Plusieurs couvents dominicains sont implantés aujourd’hui à Fanjeaux. Une statue de Saint Dominique domine le promontoire-belvédère du Seignadou, La ville de Fanjeaux est aujourd’hui jumelée avec la ville natale du Saint, Caleruega, dans la province de Burgos.

Une réflexion sur « Fanjeaux en pays cathare »

  1. Cela me fait très plaisir que tu relates ces faits sur les cathares. On se souvient du célèbre « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens » pour le siège de Béziers qui débute la croisade des albigeois. Mais au-delà des problèmes de foi, c’est la prééminence de Rome qui est en jeu et surtout celle des barons barbares et incultes du nord de la France qui ne pouvaient supporter l’émergence d’une culture authentique. Beaucoup de villes du Sud occitan avaient développé une véritable démocratie participative et les nobles locaux avaient accepté cela.
    Les cathares furent exterminés refusant de renier leur foi pure et authentique.

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