Finalement

« Finalement », le cinquante-et-unième film de Claude Lelouch est sous-titré « tout ce qui nous arrive, c’est pour notre bien ». Il constitue en effet un hymne à la vie, porté par des comédiens fascinés et exaltés par le réalisateur.

Le fil directeur de ce film, qui ignore la chronologie et la vraisemblance, c’est la fugue de Lino (Kad Merad), un avocat pénaliste qui est affecté par un trouble neurologique et ne supporte plus la vie qu’il mène. Tout va bien, pourtant, professionnellement et dans sa vie de famille, aux côtés de sa femme Léa (Elsa Zylberstein), de sa mère (Françoise Fabian), de ses enfants et de son ami Michel (Michel Boujenah).

Lino prend la route, à pied et en autostop, quémandant un verre d’eau ou une tasse de café, dormant à la belle étoile ou dans une grange, bien qu’il reste équipé de son chéquier. Le voici dans le camion d’un éleveur normand (François Morel) près du Mont Saint Michel, se mettant dans la peau d’un prêtre défroqué auteur de violences sexuelles qu’il avait défendu en Cour d’Assises. À la terrasse d’un café, il rencontre un homme qui se présente comme Dieu lui-même (Raphaël Mezrahi), et sur un pont c’est Jésus (Xavier Inbona) qu’il croise, accompagné de ses disciples.

Dans une brocante, Lino acquiert une trompette. Accueilli dans une ferme par Manon (Françoise Gillard), il la prie de se mettre au piano, et ils jouent en duo une chanson d’amour entre les deux instruments. La musique est l’autre fil rouge de ce film, présenté comme une fable musicale. Ibrahim Maalouf, qui apparait dans l’autocar qui l’emmène en tournée et accueille Lino, a composé la chanson « finalement » aux côtés de Didier Barbelivien. Elle est interprétée dans la dernière scène du film par Barbara Pravi et Kad Merad alors qu’une équipe de cinéma les enregistre en travelling, la caméra posée sur des rails faisant cercle autour d’eux. Une belle image du cinéma de Lelouch, revenant sans cesse sur la vie, l’amour, la souffrance, la musique.

La vie charrie les humains comme un torrent. Sandrine (Sandrine Bonnaire) est la petite fille de Juifs déportés en 1942, la fille née du viol de sa mère en 1968, une militante des droits des travailleuses du sexe. Le cinéma de Lelouch nous enracine dans l’histoire, avec passion et compassion.

« Finalement » a déplu à des spectateurs et à des critiques pas son aspect décousu et chaotique. Je me suis laissé charrier avec émerveillement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *