Francis Bacon par Tom Lubbock

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En marge de l’article de Tom Lubbock dans The Observer (voir le précédent article de « transhumances », Quand les mots m’ont lâché), Laura Cumming rend hommage à son ami Tom, une source d’inspiration pour elle. Elle cite un article écrit par lui sur l’exposition Francis Bacon à la Tate Britain en septembre 2008 pour The Independant.

« Sa théâtralité est évidente. Les peintures de Bacon sont des scènes, faites de zones distinctes, de toiles de fond, de portes et d’accessoires et d’acteurs assortis. Ses gens sont présentés en plein cadre, généralement au centre. Je ne nie pas que ces personnes sont parfois dans un terrible désarroi. Tout le monde a, au premier contact avec l’art de Bacon, une impression de voitures accidentées, d’impact de bombes, de brûlures, d’effondrement, d’abattoir. La peinture rouge et les bouches ouvertes encouragent bien sûr cette réaction. Mais elles ne devraient pas nous distraire de la surprenante pièce qui se joue devant nos propres yeux. Bacon est un magicien, un artiste de la métamorphose. Il réussit les actes de disparition et de réapparition les plus soudains, les fusions et les transformations. La chair glisse, boit à grand bruit, se souille, éclate, s’estompe, s’efface, s’évapore, se dématérialise brutalement. Prestidigitation : il est tout simplement impossible de voir comment c’est fait, comment ça bouge du solide à la pellicule au fantôme au reflet et en sens inverse.

Tout ce dégât met en fait de l’animation. Il n’y a pas un cadavre partout dans le travail de Bacon. Son traitement sauvage est en  fait une extension, une exagération, des propres mouvements, sensations et expressions du corps. Et bien que son utilisation de la peinture à l’huile lui donne un langage plus liquide, on aurait tort de le voir dans la ligne de la caricature graphique anglaise, et la manière dont il utilise la distorsion ne se contente pas de jouer avec la vraisemblance, mais elle injecte de l’énergie et met les nerfs à nu. »

Photo de l’exposition de 2008 à la Tate Britain : Francis Bacon, triptyque, 1972.

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