Dans « Frida, viva la vida », le réalisateur italien Giovanni Troilo propose un documentaire passionnant et profondément original sur la vie de Frida Kahlo (1907-1954), comme femme et comme artiste.
Frida Kahlo est devenue une icône du peuple mexicain. Son musée, dans la banlieue de Mexico, est l’un des plus visités du pays.
Sa vie de femme est romanesque : victime d’un accident d’autobus quand elle avait 18 ans, elle mène une vie de souffrances, la plus grande d’entre elles étant une série de fausses couches. Elle épouse Diego Rivera, un peintre mondialement connu, de vingt ans son aîné, en divorce, se remarie avec lui. Elle affiche des convictions révolutionnaires et s’éprend de Léon Trotski, à qui le couple a accordé l’hospitalité. Elle est profondément attachée à l’histoire précolombienne du Mexique et se représente volontiers vêtue à la manière des femmes de Tehuantepec.
Elle commence à se peindre après son accident alors qu’elle est alitée. Ses parents ont installé un chevalet et, au-dessus de son lit, un miroir. Ses œuvres expriment son indicible douleur, celle du corps et aussi celle de l’âme bouleversée entre l’amour de Diego et la souffrance de son éloignement.
Le film de Giovanni Troilo est en soi une œuvre d’art. Il s’écarte de l’habituel documentaire, entre archives historiques et interviews de savants. Par la musique de Remo Anzovino, la narration de Asia Argento, la danse de Laura Vargas, les témoignages de Hilda Trujilo, directrice du musée Frida Kahlo dans sa maison bleue, il nous fait pénétrer émotionnellement dans l’univers intime de Frida Kahlo. C’est violent, douloureux, onirique.
C’est aussi un formidable hymne à la vie. La dernière toile qu’elle ait peinte représente des pastèques que l’on a envie de croquer à pleines dents. Sur une tranche est inscrit : Viva la vida, Frida Kahlo, Coyoacán, 1954, Mexico.