La Tate Modern de Londres présente une exposition intitulée « Gauguin, maker of myth » (faiseur de mythe).
Paul Gauguin s’est à plusieurs reprises inventé un destin : adolescent, il s’embarque à bord de navires ; adulte, il mène une existence bourgeoise d’agent de change et de père de famille ; passionné de peinture, il considère la crise financière et son licenciement de la bourse comme une aubaine et embrasse la vie d’artiste ; il part vivre à Tahiti puis, trouvant Tahiti trop occidentalisé, dans une île des Marquises.
L’exposition montre comment Gauguin a sans cesse inventé des mythes. Le mythe de l’artiste bohême le conduit à prêter ses traits au Christ dans le jardin de Gethsémani. Le mythe d’une religion primitive à Tahiti l’amène à peindre un temple imaginaire et à le décorer de motifs relevés dans un musée. Une partie de sa motivation était commerciale : les mythes et l’exotisme faisaient vendre, c’était un bon positionnement sur le marché de l’art.
Mais la mythomanie de Gauguin fut aussi un formidable levier pour son génie artistique. Pour donner à voir un autre monde au-delà du monde visible, il simplifia les formes et inventa un nouvel usage des couleurs. Fait rare pour un occidental à son époque, il s’immergea totalement dans la culture tahitienne.
L’exposition présente de nombreuses toiles, parmi les plus connues et les plus remarquables du peintre, réalisées à Pont Aven, à la Martinique, à Tahiti et aux Marquises. J’y ai découvert un autre aspect de l’œuvre de Gauguin, ses sculptures qui rendent sensible sa personnalité torturée et sa passion pour la femme.
Illustration : Paul Gauguin, Merahi Melena No Tehamana, présenté à l’exposition « Gauguin, Maker of Myth » de la Tate Modern.