CinémaMonde Arabe9 juillet 20240Gaza mon amour

Arte TV propose en replay « Gaza mon amour », troisième film d’Arab et Tarzan Nasser après « Dégradé », dont « transhumances » avait publié une critique.

Issa (Salim Daw), 60 ans, est un homme solitaire et ombrageux qui sort chaque soir aux commandes de son minuscule chalutier pêcher la sardine, dans la limite de 5km fixée par les autorités israéliennes. Par esprit d’indépendance, il n’a jamais voulu se marier et avoir des enfants.

Issa ne conçoit pas d’avenir hors de Gaza, sa ville, bien que la vie quotidienne, marquée par les privations et les coupures de courant, soit souvent insupportable. Au contraire, Samir (George Iskandar), de trente ans son cadet et l’un de ses seuls amis, ne pense qu’à émigrer, bien que marié et père de plusieurs enfants, qu’il s’arrangera bien pour faire venir un jour dans le cadre du regroupement familial.

La vie d’Issa est sur le point de basculer. Il s’est épris de Shiam (Hiam Abbass), une couturière qui travaille dans une boutique de vêtements pour femmes et, intimidé, ne sait comment l’aborder et lui déclarer sa flamme. Par ailleurs, une nuit, il remonte dans ses filets une statue antique d’Apollon au lieu de sa cargaison de sardines.

Issa cache chez lui la statue qu’un attribut, le phallus en érection, rend tout à fait particulière. C’est le début d’ennuis avec la police, la perquisition, la  garde à vue, la confiscation de l’objet. Les autorités du Hamas aimeraient tirer le maximum d’argent de la vente de la statue du « dieu Apollon », pardon, d’Apollon, corrige un commissaire intégriste.

De son côté, Shiam vit avec sa fille Leïla (Maisa Abd Elhadi), une jeune femme divorcée qui, en parallèle de l’activité de couture aux côtés de sa mère, fréquente l’université. Leïla se rend bien compte que Shiam est courtisée par Issa, bien que celle-ci fasse mine de l’ignorer.

Pour Issa, l’épisode de la statue d’Apollon marque une rupture dans sa vie bien rangée. Sa sœur, l’entendant dire qu’il veut se marier, lui organise un rendez-vous avec des prétendantes, mais il est bien décidé à vaincre sa timidité et à demander la main de la femme qu’il aime. La dernière scène du film, toute en fou-rire, est inoubliable.

« D’accord, explique Arab Nasser, ces gens connaissent la souffrance, la guerre, une vie merdique, mais néanmoins, ils vivent, ce qui signifie qu’ils ont un quotidien, des relations amoureuses, des rêves, des espoirs. Nous voulons filmer cela, sans transformer la réalité de Gaza en plus belle ou en plus laide qu’elle ne l’est. » « Gaza mon amour », réalisé en 2020, est un film plein d’humour qui fait du bien alors que ce territoire vit depuis 9 mois un enfer.

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