Arte TV a récemment diffusé « Girl », film du jeune réalisateur belge Lukas Dhont, primé à Cannes en 2018 dans la catégorie « Un certain regard ».
Clara (Viktor Polster), adolescente de 15 ans, affronte deux défis : mettre son corps de garçon en adéquation avec sa personnalité de fille ; devenir danseuse dans le corps de ballet du chorégraphe bruxellois Sidi Larbi Cherkaoui.
Elle bénéficie dans son projet de l’amour inconditionnel et de l’appui de son père Mathias (Arieh Worthalter). Mais les difficultés à surmonter sont immenses.
Du point de vue médical, l’opération qui substituera un vagin au pénis ne pourra survenir qu’au bout de deux ans, à condition qu’elle soit alors en parfaite santé. Entre temps, il faudra ingurgiter des hormones à doses mesurées, patienter, supporter la lenteur de la transformation physique, de la trop lente apparition de la poitrine. Il faudra accepter les souffrances qu’occasionne le port de bandes qui compriment son sexe de garçon.
Le corps de garçon de Clara supporte mal les exercices sur les pointes, que les filles pratiquent peu à peu dès l’âge de douze ans. Ses pieds souffrent le martyre. Elle chute fréquemment.
Mathias assiste impuissant au chemin de croix entrepris par sa fille, que trop de stress et de souffrances rendent malade. Clara se désespère de la résistance de son corps à se conformer à ce sa vraie personnalité. Elle voudrait couper court, en finir avec cette transition qui n’en finit pas.
« J’ai tout de suite ressenti de l’admiration, écrit Lukas Dhont, et j’ai été enthousiasmé à l’idée de pouvoir écrire sur un personnage comme elle : quelqu’un de courageux, qui très jeune remettait en cause le lien qu’établit la société entre sexe et genre. (…) La lutte intérieure d’une jeune héroïne, capable de mettre son corps en danger pour pouvoir devenir la personne qu’elle veut être. Une fille qui doit faire le choix d’être elle-même à seulement 15 ans, quand pour certains ça prend toute la vie. »