Canal+ a récemment diffusé « Goodbye », film de William Nicholson sur la douloureuse séparation d’un couple qui allait fêter ses 30 ans de mariage.
Grace et Edward Axton (Annette Benning et Bill Nighy) ont l’apparence d’un couple heureux. Ils vivent dans un cottage à Seaford Beach, à une vingtaine de kilomètres de Brighton. La promenade sur les falaises de craie est impressionnante.
En vérité, les époux vivent sur deux planètes différentes. Grace reproche à Edward son mutisme, elle le provoque pour rallumer un intérêt pour elle. Edward, qui enseigne l’histoire, est obsédé par la retraite de Russie – le film s’inspire d’ailleurs d’une pièce de Nicholson intitulée « la retraite de Moscou » : ceux qui ont survécu doivent leur salut au fait d’avoir dépouillé leurs camarades blessés et de les avoir laissés mourir au bord de la route.
Lorsqu’Edward demande à leur fils unique Jamie (Josh O’Connor) de venir à Seaford passer quelques heures, c’est parce qu’il est résolu à laisser Grace au bord de la route, et de commencer une nouvelle vie avec une mère d’élève rencontrée quelques mois plus tôt. Il compte sur Jamie pour amortir le choc.
Le choc ne peut être amorti. Pour Grace, la douleur est indicible. Jamie, devenu l’unique messager entre ses parents, devient le porteur de la souffrance de sa mère. Une image lui revient sans cesse : petit garçon, il tient ses parents par la main et ils le font sauter. Ses parents le précèdent dans la vie. Où le mènent-ils ? Si sa mère saute de la falaise, qu’en sera-t-il de lui ?
Grace est passionnée de poésie et récite par cœur des poèmes entiers de Dante Gabriel Rossetti. Elle pense publier une anthologie. Son fils est développeur Internet. Pourquoi ne pas mettre à disposition des internautes des poèmes qu’ils pourraient lire lorsqu’ils sont dans le chagrin ou la joie ?
Le titre original du film est « Hope gap », qui signifie à la fois le trou béant qui s’ouvre devant Grace et lui retire tout espoir, et la différence de situation entre elle et son ex-mari. Angela, la nouvelle compagne d’Edward, le signale crûment : « avant, nous étions trois personnes malheureuses, maintenant il n’y en a plus qu’une ».
À noter l’excellente bande sonore d’Alex Heffes.