« Guillaume et les garçons, à table ! », le premier film de Guillaume Gallienne, est, comme toutes les bonnes comédies, un film où le spectateur se tient sur le fil du rasoir entre le rire et le tragique.
Guillaume Gallienne est réalisateur et scénariste de « Guillaume et les garçons, à table ! ». Il interprète le personnage de Guillaume et aussi celui de sa maman vénérée. C’est peu dire que c’est un film personnel. Guillaume met sa personne en scène dans un one-man-show. La caméra le suit face à son public, et montre au spectateur, par des flash-back successifs, les étapes du parcours peu banal du personnage.
Dès sa tendre enfance, Guillaume vit dans l’adoration de sa maman. Celle-ci, peut-être par dépit d’avoir eu déjà deux fils, le traite comme une fille. Guillaume s’accommode volontiers de cette situation et s’imagine dans la peau de l’impératrice Sissi. Pour son père (André Marcon), il dépasse l’entendement, c’est un véritable ovni…
Il n’y a aucun doute pour ses parents que Guillaume, garçon efféminé, est homosexuel. Mais les choses ne sont pas si simples. Guillaume est certes attiré par les garçons, mais il se vit comme une fille : il est donc hétérosexuel ! Au terme d’un cheminement personnel compliqué, drôle et difficile, il se rend compte qu’il est attiré par l’autre sexe, certes, mais qu’il est en réalité un homme.
Le film vient de dépasser le million de spectateurs, porté par un puissant bouche à oreille. C’est qu’il est très original, qu’il traite d’un sujet très actuel, la différence sexuelle, et qu’il le fait en provoquant l’hilarité. Il ne néglige pas les ressorts de la grosse comédie au point de friser parfois la vulgarité, comme lorsqu’une ravissante physiothérapeute allemande entreprend de pratiquer à Guillaume un lavement en lui insérant un énorme tuyau dans l’anus. Mais Chaplin lui-même ne négligeait pas les effets comiques primaires tels que chutes, glissades ou coups de pied au derrière !
J’ai particulièrement aimé la scène où Guillaume, qui cherche à se faire dispenser du service militaire, joue le débile bègue face à un psychiatre qui, peu à peu, se laisse contaminer. C’est irrésistible. Le moment où Guillaume apprend à regarder les femmes et à admirer leur souffle est émouvant.
Allez voir « Guillaume et les garçons, à table ! » Vous ne le regretterez pas !