Ida

« Ida », film de Pawel Pawlinowski, est un bijou cinématographique.

 Dès les premiers plans, le spectateur est saisi par la beauté des images. Le cadrage de chaque image est minutieusement travaillé. Les personnages sont parfois filmés en gros plan, mais très souvent ils sont relégués en marge du cadre, comme perdus dans un environnement qui les dépasse. L’usage du noir et blanc conforte l’impression d’une image épurée, réduite à l’essentiel. Il y a quelque chose de mystique dans la prise de vue. Les personnages traversent une expérience spirituelle bouleversante, avec ou sans Dieu, et c’est bien le climat que met en place la photographie.

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Au début du film, Ida (Agata Trzebuchowska) s’appelle Sœur Anna. Enfant placée dans un orphelinat, elle n’a connu que le couvent et s’apprête à prononcer ses vœux perpétuels. La Mère Supérieure lui demande, avant de s’engager dans la vie religieuse, de connaître la vérité sur sa famille.

 Pour toute famille, Anna n’a qu’une tante, Wanda (Agata Kulesza). Solidement athée, Wanda boit, fume et fait l’amour à des hommes de rencontre, autant pour se prouver qu’elle existe que pour oublier un lourd passé. Elle a du sang sur les mains : Procureure sous le régime polonais stalinien, elle a envoyé nombre d’opposants à la potence.

 Wanda apprend à Anna qu’elle est Juive, que son vrai nom est Ida, et que ses parents sont morts assassinés pendant la guerre. Les deux femmes se mettent en route pour découvrir la vérité sur cet assassinat. Elles, que tout sépare, constituent un couple improbable mais efficace. Elles réussiront à se faire raconter ce qui est arrivé aux parents d’Ida et à les ré-enterrer au cimetière juif de Lublin.

Ida et Wanda
Ida et Wanda

 Wanda, au bout de sa route, se suicide. Anna Ida n’est pas prête à prononcer ses vœux. Il lui reste à se glisser dans la vie d’Anna, de faire l’expérience de l’alcool, de la danse, de l’amour. En quelques semaines, elle a vécu des expériences bouleversantes : la révélation de sa judéité, la vérité sur le sort de ses parents, la coexistence avec une tante profondément athée et aussi terriblement humaine. Elle veut aller jusqu’au bout de cette expérience avant de choisir définitivement sa voie.

 Outre l’esthétique du film, admirable, on est frappé par la justesse du jeu des actrices : Kulesza, la femme mûre écrasée par le passé et saisi de tendresse par une nièce qui lui ressemble si peu ; et Trzebuchowska, qui semble si enfantine et fragile, mais affronte son destin avec une impressionnante tranquillité.

 Ida est un chef d’œuvre, recommandable à tous publics !

Ida et Lis, le saxophoniste
Ida et Lis, le saxophoniste

Une réflexion sur « Ida »

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