« Irréprochable », premier film de Sébastien Marnier avec Marina Foïs dans le rôle principal, est un thriller psychologique qui tient le spectateur en haleine.
Constance (Marina Foïs) est une femme quadragénaire à la dérive. Elle doit quitter en catastrophe Paris et son emploi dans une agence immobilière pour revenir dans la petite ville de province où elle a grandi et fait ses premières armes professionnelles. Sa mère est à l’hôpital, dans le coma. Constance occupe la maison vide.
Constance présente bien. Elle est toujours bien vêtue. Elle s’impose des parcours de santé épuisants pour maintenir sa forme et ralentir le veillissement. Elle se juge irréprochable. Si elle a dû quitter son emploi à Paris, c’est à la suite d’une injustice : elle était victime d’harcèlement sexuel ; si elle a rompu avec Philippe (Jérémie Elkaïm), son ancien collègue à la petite agence immobilière de sa jeunesse, c’est de la faute de celui-ci.
Elle supplie le patron de l’agence de la réembaucher, mais celui-ci lui préfère Audrey (Joséphine Japy), plus jeune, exempte du passé encombrant de Constance, d’accord pour travailler à la commission. Constance, réduite à vivre du RSA, considère cela comme une injustice. Elle décide d’écarter Audrey par tous les moyens. Elle gagne son amitié, et tente de la convaincre de rejoindre son fiancé en Russie. Elle sabote son scooter, son réveil, son agenda pour tenter de la faire passer pour une employée non fiable. Il faudra bien, pour réoccuper le bureau dont elle a été frustrée de manière illégitime, en passer par les grands moyens.
Constance vit avec Gilles (Benjamin Biolay), un avocat fiscaliste parisien qui est parfois en mission en province, une histoire de sexe brut. Elle tente de se glisser dans la vie de son amant comme elle l’a fait dans la vie d’Audrey. Elle ne peut comprendre la réaction de rejet de Gilles, et le menace de tout révéler de leur relation.
Appuyé sur une bande sonore remarquable, « irréprochable » prend le spectateur dans un étau. À force de considérer que les malheurs qui lui arrivent sont uniquement de la faute des autres et faute d’être assez solide pour se mettre elle-même en question, Constance court à sa perte.
Le jeu d’actrice de Marina Foïs est remarquable. Constance est angoissée par sa situation, probablement torturée par la conscience profonde de sa propre perversité, mais aussi résolue à se sauver au prix de la destruction d’autrui. Cette ambigüité fait de « Irréprochable » un excellent film, qui porte à l’écran, de manière exponentielle, un caractère qu’il est fréquent de rencontrer dans la vraie vie.