Italie : attachez vos ceintures !

Au lendemain de l’intronisation à Rome du gouvernement de la Ligue et du Mouvement 5 Etoiles, le quotidien La Repubblica a intitulé son éditorial : « attachez vos ceintures ».

La Ligue de Matteo Salvani et le Mouvement 5 Etoiles de Luigi Di Maio ont remporté les élections législatives en mars, au détriment du Parti Démocrate et de Forza Italia.

Ils sont très différents. La Ligue est un parti d’extrême droite, anti-européen et anti-immigration, proche du Front National en France. Le Mouvement 5 Etoiles promeut une démocratie directe par Internet, avec le moins possible d’intermédiation politique.

Prestation de serment du nouveau premier ministre, Giuseppe Conte, entre les mains du président Matarella

Ils se sont pourtant mis d’accord sur un programme : relancer l’économie par des déficits publics massifs (alors que l’endettement est déjà de 130% du PIB) ; avoir la main dure contre les immigrés ; verser un revenu universel.

« Le jour des solutions faciles et rapides est arrivé », écrit La Repubblica. Et le journal de faire le compte des espérances individuelles que suscite le nouveau gouvernement : celui qui espère un revenu parce qu’il est chômeur, un retraité qui compte sur un relèvement du minimum vieillesse, celui qui n’a pas fait vacciner ses enfants et attend la fin de l’obligation, celui qui calcule combien il économisera avec la baisse du taux des impôts…

« C’est la politique moderne, écrit tristement le journal, faite d’intérêts individuels et de la perte des espérances collectives. (Les nouveaux gouvernants) jouiront d’une lune de miel, mais l’empreinte de l’inexpérience, de l’improvisation et de l’arrogance ne tardera pas à émerger. Attachez vos ceintures. »

Luigi Di Maio et Matteo Salvini, vice-présidents du gouvernement

Dans son bulletin hebdomadaire, l’économiste en chef de Deloitte, Ian Stewart, compare les situations italienne et allemande. Depuis l’entrée en vigueur de l’euro en 1999, l’économie allemande a crû de 30%, l’économie italienne de 8%. En termes de compétitivité, l’économie allemande s’est hissée de la 14ième à la cinquième position ; l’économie italienne a régressé de la 39ième à la 43ième place ; le taux de chômage allemand a plus que diminué de moitié (il est actuellement de 3,6%), celui de l’Italie est resté à 10,6% (et à 32% pour les jeunes).

Il faut ajouter à cela l’absence de solidarité des pays européens, notamment la France, dans la gestion de la crise migratoire. Les frustrations en Italie sont aigües. La tentation est forte de considérer que ce qui arrive au pays est la faute des autres et que, finalement, « l’Allemagne paiera ». Il y a gros à parier que le gouvernement italien ira de déconvenue en déconvenue. Et que, à chaque déconvenue, les coupables seront désignés : l’étranger, celui de Wall Street, celui de Bruxelles ou celui de Lampedusa.

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