AmériquesTélévision29 juillet 20240Kamala Harris, une ambition américaine

Arte TV propose en replay jusqu’au 10 octobre 2024 un documentaire réalisé en 2022 par Marjolaine Grappe et David Thompson : « Kamala Harris, une ambition américaine ». Ce film revêt une particulière actualité, alors que le retrait par Joe Biden de sa candidature à l’élection présidentielle de novembre fait de sa colistière la candidate naturelle du Parti Démocrate.

 Kamala Harris est fière de ses parents, l’un et l’autre immigrants, son père de Jamaïque, sa mère d’Inde. Elle admire celle-ci, Shyamala Gopalan, venue à l’âge de 19 ans faire des études d’oncologie à l’Université de Berkeley. Elle l’admire en particulier en raison de son militantisme pour les droits civiques : « une force de la nature », dit-elle.

 Kamala se revendique afro-américaine, bien qu’aucun de ses parents n’appartienne à cette communauté. La note de présentation du documentaire sur le site d’Arte rappelle les principales étapes de son parcours. « Sur les bancs de l’université Howard, « la Harvard noire », la jeune femme se passionne pour l’art oratoire, avant de poursuivre des études de droit. Membre du barreau de Californie, elle brigue la charge de procureure de district de San Francisco, qu’elle obtient après une campagne acharnée. À ce poste, elle affirme des convictions fortes : contre la peine de mort, la violence armée, pour l’éducation des Afro-Américains et le droit à une seconde chance pour les jeunes délinquants. S’ensuit une fracassante entrée en politique : élue en 2017 au Sénat américain – deuxième femme noire de l’histoire à ce poste – sous les couleurs démocrates, elle se présente à la primaire du parti, avant d’être choisie comme colistière par le candidat Joe Biden, à qui elle avait pourtant porté bien des coups lors des débats. »

Qualifiée « d’Obama au féminin », Kamala Harris est, selon Arte TV, « ambitieuse, charismatique, d’une extraordinaire pugnacité. » Sénatrice, on la voit interroger un candidat à la Cour Suprême. « Existe-t-il une loi qui confie au gouvernement le pouvoir de prendre des décisions sur le corps des hommes ? » Bafouillement du candidat. Le droit à l’avortement constitue l’un des chevaux de bataille de la Sénatrice.

 Les relations entre Joe Biden et Pamela Harris ont été compliquées. Dans un débat pour la primaire démocrate en 2020, elle lui reproche d’avoir supprimé des subventions aux transports scolaires : une petite fille noire prenait le bus scolaire tous les jours, cette petite fille, c’était moi. Devenue, malgré ce passif, sa colistière, elle doit porter la politique du président, même si elle heurte ses convictions. Au Guatemala, elle décourage les candidats migrants car ils seront mal accueillis aux États-Unis : douloureuse prise de position pour la fille d’un père et d’une mère migrants. À son tour, elle bafouille en interview, elle perd en popularité.

 Une archive montre Gerald Ford, président de 1974 à 1977, répondre à une écolière du Nebraska qui lui demande si une femme sera un jour présidente des États-Unis. Le président lui répond qu’il le souhaite et lui raconte comment cela va se passer. Un futur président prendra une femme comme colistière. Il mourra pendant son mandat et sa vice-présidente lui succèdera. À partir de ce moment, les hommes n’auront qu’à bien se tenir !

 Le président Biden n’est pas mort, mais il s’est retiré de la course à un second mandat et appuie la candidature de sa vice-présidente. Face à Trump, celle-ci a toutes les qualités pour s’imposer. Je suis en ce qui me concerne sensible à l’engagement de Kamala Harris contre la peine de mort et l’emprisonnement de masse, et sa conviction que les hommes de loi doivent se faire la voix des plus vulnérables.

 

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