La flèche brisée

Arte TV a récemment diffusé « la flèche brisée », Western de Delmer Daves sorti en salles en 1950.

 En 1870, la guerre entre les colons appuyés par l’armée et les Apaches dure depuis dix ans. Pour les colons, « un bon Indien est un Indien mort ». Les Apaches, de leur côté, ne font pas de quartier : le blanc est haïssable, il faut le tuer, si possible après torture.

 Un ancien éclaireur de l’armée américaine devenu chercheur d’or, Tom Jeffords (James Stewart) ne partage pas la paranoïa ambiante. Il secourt un jeune Indien blessé. Lorsqu’il tombe entre les mains de sa tribu, sa vie est épargnée. Il a désormais un but dans sa vie : entrer en contact avec le chef Apache Covise (Jeff Chandler) et contribuer à la signature d’un accord de paix.

Il apprend la langue apache, se familiarise avec ses coutumes. Lorsqu’il rencontre Cochise, son premier objectif est modeste : que le courrier du village de Tucson puisse franchir ses lignes. Cochise l’accepte et tient sa promesse ; mais il continue la guerre. L’attaque d’un convoi, la mort de ses voyageurs et défenseurs et le vol des chevaux et de la marchandise provoquent la fureur des blancs.

 Jeffords échappe de peu au lynchage. Il est sauvé par le général Howard, dit « le général chrétien », qui sait comme lui que la Bible ne dit rien de la pigmentation de la peau. Howard lui confie la mission de l’accompagner auprès de Cochise pour signer la paix. Celui-ci, en signe d’acceptation, brise une flèche.

 Jeffords est tombé amoureux de la belle Sonseeahray (Debra Paget). Avec l’autorisation de Cochise, il l’épouse selon le rite apache. Des colons fanatisés tendent une embuscade dans laquelle meurt Sonseeahray. Celle-ci, dit Jeffords en voix off, l’accompagnera toute sa vie dans ses efforts de paix.

« La flèche brisée » est présenté comme le premier film dans lequel Américains blancs et Indiens sont placés sur un pied d’égalité. Ce positionnement progressiste n’est pas son seul atout : les paysages sont superbes, les scènes de bataille remarquablement filmées, le jeu des acteurs excellent avec une mention spéciale pour Jeff Chandler dans le rôle du chef indien.

 On en sort toutefois interrogatifs. Une partie des Apaches, conduits par Jeronimo, n’accepte pas la paix conclue par Cochise. Ce dernier reconnait que les Américains sont plus forts et qu’ils vont l’emporter ; il faut s’adapter, et probablement se sédentariser et élever, comme les blancs, du bétail domestique au lieu de chasser le bison dans d’immenses territoires entre l’Arizona et le Mexique sans considération des frontières. Le réalisateur Delmer Daves fait l’éloge de la grandeur humaine d’hommes qui sont nés dans des peuples et des cultures différents et ont appris à se respecter et à vivre en paix. Mais il faut bien reconnaître que les Indiens d’Amérique ont été laminés et réduits à vivre misérablement dans des réserves. La grandeur d’âme n’a pas pu faire grand-chose contre le rouleau compresseur économique, militaire et culturel de la conquête de l’Ouest.

 

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