France 2 a récemment diffusé « La fugue », téléfilm de Xavier Durringer (2020) qui met en scène la détresse de parents confrontés à la fugue d’une adolescente.
Chloé (Mayline Dubois) a 14 ans et est dans un collège d’Ile de France en classe de troisième. Ses relations avec sa mère Jeanne (Valérie Karsenti) et son beau-père Thomas (Samir Guesmi) sont conflictuelles. Lorsque sa soirée d’anniversaire laisse dans l’appartement un désordre innommable, la sanction tombe : portable confisqué, stage d’équitation supprimé.
Chloé disparaît. Sa mère affolée se heurte à la quasi-indifférence de la police et du service de la protection judiciaire de la jeunesse : on enregistre en France 150 fugues par jour, la disparition de Chloé n’est qu’une parmi des multitudes. Par ailleurs, le fait que Chloé soit sans téléphone prive les autorités d’un moyen de tracer ses mouvements.
Jeanne et Thomas sont bientôt rejoints par Éric, le père de Chloé. Ils découvrent qu’elle avait un petit ami, Youssouf ; qu’il lui arrivait de fumer du haschisch ; qu’une sévère bagarre l’avait mise aux prises avec une autre élève au collège, et qu’une vidéo en était à l’origine ; qu’elle séchait les cours.
Jeanne est ophtalmologue. Moi dont le métier est d’aider à voir, je n’ai rien vu, dit-elle amèrement. Elle tente de remonter la piste de sa fille : l’hôtel où elle a brièvement séjourné avec Youssouf, un centre d’accueil pour jeunes en galère qui l’a accueillie, la gare du nord où elle serait en transit… Peine perdue.
C’est elle-même que Jeanne est contrainte de regarder, son attitude d’enfant soumise à des parents rigides, toujours préoccupée de les satisfaire. Si elle n’a pas su voir la détresse de sa fille, c’est à son incapacité à mener librement sa propre vie qu’elle le doit.
J’aime les films où les personnages sont « en transhumance » entre une existence ancienne et une vie nouvelle, souvent en passant par de grandes souffrances. « La fugue » est l’un de ces films. À une époque où le taux de suicide des jeunes est en forte croissance, signe d’un profond mal-être, il mérite d’être vu.