« La loi du marché », film de Stéphane Brizé dont Vincent Lindon est l’interprète principal, met en scène un homme qui perd son emploi et lutte pour conserver sa dignité.
Thierry (Vincent Lindon) a perdu il y a quelques mois son poste d’ouvrier qualifié dans une usine qui a fermé ses portes. Certains veulent continuer la lutte pour obtenir une juste indemnisation. Thierry n’a qu’une idée en tête : tourner la page.
Thierry, sa femme, leur fils adolescent handicapé moteur qui passe le bac cette année, ont besoin d’un avenir. Mais il n’est pas facile d’aller de l’avant. Un stage de Pôle Emploi débouche sur un cul de sac. Un séminaire de préparation à l’entretien d’embauche révèle à Thierry son profil de loser. Les revenus diminuent et la conseillère financière de la banque s’inquiète de voir l’épargne de la famille fondre comme neige au soleil et conseille à Thierry de vendre la maison.
C’est finalement un poste d’agent de sécurité dans un hypermarché que Thierry finit par accepter, faute de mieux. Il s’agit d’épier les comportements indélicats des clients chapardeurs, de relever leur identité et de leur faire payer les articles dérobés.
Il s’agit aussi de déceler les tricheries des employés, les articles qu’on oublie de scanner au profit d’un client ami, les bons de réduction qu’on empoche au lieu de les détruire. Le suicide sur le lieu de travail d’une employée qu’on venait de licencier place Thierry devant un dilemme. Professionnellement, comme l’explique le DRH de l’entreprise après le suicide, la vie privée des salariés ne regarde qu’eux-mêmes, et nul ne doit se sentir coupable que quoi que ce soit. Mais est-ce bien ainsi ? Le surveillant qui accule l’employée à avouer une faute qui entraînera son licenciement n’a-t-il vraiment aucune responsabilité dans le naufrage de sa vie ?
Le film de Stéphane Brizé est remarquable en ce qu’il est dénué de « méchants ». L’employé de Pôle Emploi démuni (et incompétent) devant le cas de Thierry, la banquière inquiète pour la sécurité financière de la famille, le directeur d’école alerté par la baisse des résultats du garçon, et même le directeur de l’hypermarché à la recherche de motifs sérieux pour licencier du personnel et restaurer la rentabilité, tous sont courtois, sincèrement émus par les détresses qu’ils rencontrent. Mais une dynamique implacable est en marche, celle de la loi du marché, d’autant plus insidieuse qu’elle ne revêt pas l’apparence du maître brutal face à l’esclave humilié. Si les patrons restent humains, Thierry, quant à lui, garde la tête haute.
Vincent Lindon a obtenu pour ce film le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes.