À l’occasion des 40 ans de la loi Veil autorisant l’interruption volontaire de grossesse, France 2 a diffusé “La Loi”, un téléfilm de Christian Faure.
« La loi » raconte les trois jours de débats parlementaires passionnés qui sont finalement débouché sur le vote de la loi défendue par Simone Veil légalisant l’IVG. Emmanuelle Devos joue le rôle de celle qui était alors Ministre de la Santé. Le film la montre tenace, obstinée, en apparence inaccessible aux attaques les plus perverses, comme celle d’un député de droite (son propre camp) comparant son action à celle des médecins nazis.
Simone Veil a choisi un axe de bataille et n’en changera pas. Elle laisse à Françoise Giroud la défense du droit des femmes à disposer de leur corps. Son combat à elle, c’est la situation dramatique de femmes contraintes d’avorter clandestinement au péril de leur vie. C’est un problème de santé publique, c’est aussi une question d’humanité. Certains députés issus de la démocratie chrétienne, comme Eugène Claudius-Petit, finiront par adhérer à sa logique et à voter la loi.
Idéalement, il faudrait obliger tous les médecins à prescrire des avortements et rembourser les IVG. Simone Veil évolue dans un contexte politique mouvant, marqué à la tête de l’Etat par la rivalité entre le président de la République Giscard d’Estaing et son premier ministre Chirac. Dans sa propre majorité, les opposants sont nombreux. Simone Veil est fine stratège. Aidée de son directeur de cabinet Dominique Levert (Lorànt Deutsch), elle apprécie heure par heure le rapport des forces. Pour obtenir le vote de la loi, elle cède sur l’objection de conscience des médecins et le remboursement.
Un aspect intriguant du film est la visite de Simone Veil à un « prélat ». De qui s’agit-il ? Alors que tous les politiques sont identifiés par nom et prénom, on reste ici dans l’anonymat. On voit seulement le « prélat » assurer la ministre que l’Eglise Catholique n’interviendra pas, à condition que les médecins bénéficient de la clause de conscience. L’Eglise Catholique était alors divisée. Après l’extinction de la génération des rénovateurs de Vatican II et trente ans de papauté conservatrice, l’heure n’est plus à la neutralité. Dans le débat récent sur une autre loi concernant un thème de société, le mariage entre personnes du même sexe, l’Eglise Catholique s’est clairement rangée contre le changement de la législation.