La Nouvelle Femme

« La Nouvelle Femme » est le premier long-métrage de Léa Todorov. Il est consacré à un épisode de la vie de la pédagogue Maria Montessori, autour de l’année 1900, lorsqu’elle décide d’appliquer à l’éducation de tous les enfants des méthodes réservées jusque là à des enfants handicapés mentaux.

Maria (Jasmine Trinca), l’une des premières Italiennes à avoir obtenu le doctorat en médecine, travaille auprès d’enfants « neuro-atypiques » dans un institut spécialisé à Rome. Au cours d’un séjour à Paris, elle a rencontré une courtisane, Lili d’Alengy (Leïla Bekhti). Lili est mère d’une petite fille réputée, selon les termes utilisés alors, « idiote » : Tina (Rafaëlle Sonneville-Gaby). Elle cherche à tout prix à se débarrasser de ce rejeton qui lui empoisonne la vie. Elle s’installe à Rome pour la confier à Maria.

Sur la base d’une approche scientifique, Maria Montessori a défini une méthode pour donner à ces enfants handicapés accès à la lecture, à l’écriture et au calcul. Il s’agit de mettre entre leurs mains des objets qu’ils s’approprient et dont la manipulation permet d’accéder aux concepts. La petite Tina fait des progrès étonnants. Sa maman s’intéresse de plus en plus à la méthode de Maria, met ses talents de pianiste à disposition de son équipe. Elle ouvre à la pédagogue des portes qui lui permettront de développer des écoles pratiquant sa méthode.

La maternité de Lili est douloureuse. Il en va de même pour Maria. D’une liaison clandestine avec Giuseppe (Rafaelle Esposito), le directeur de l’institut, elle a eu un fils, Mario. Il n’est pas question pour elle d’épouser le père de l’enfant, la femme étant alors placée sous la domination de son mari ; élever seule Mario est également impossible, le statut de « fille-mère » étant ignominieux. L’éloignement de Mario constitue pour Maria une souffrance d’autant plus cruelle que, pour elle, la pédagogie est un prolongement de la maternité.

Le titre « la Nouvelle Femme » fait écho à « l’Homme Nouveau » que prétendait façonner le régime fasciste. Celui-ci finança le développement de la pédagogie Montessori sur une large échelle ; il bénéficiait ainsi de sa notoriété internationale et espérait que la jeunesse italienne surpasserait en qualités celle d’autres pays. Au bout de quelques années, la militarisation du régime (Ethiopie, Albanie, Grèce) rendit la cohabitation impossible. Maria Montessori n’entendait pas engendrer des mâles guerriers ; Léa Todorov la présente au contraire comme une féministe militante.

« La Femme Nouvelle » est un beau film, servi par deux excellentes actrices, sans oublier la merveilleuse petite fille qui joue Tina. Les séquences tournées avec les enfants handicapés mentaux sont touchantes. Le personnage (inventé) de Lili d’Alengy met efficacement en valeur celui, bien réel, de Maria Montessori, figure de proue du combat des femmes et avocate des enfants. « N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui, écrivait-elle. Ce monde n’existera plus lorsqu’ils seront grands. Et rien ne nous permet de savoir quel monde sera le leur : alors, apprenons-leur à s’adapter. »

L’image de Maria Montessori sur un billet de la Banque d’Italie

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