Cinéma10 septembre 20240La prisonnière de Bordeaux

Dans « La prisonnière de Bordeaux », la réalisatrice Patricia Mazuy met en scène l’amitié de deux femmes que rien ne prédisposait à se rencontrer et leur combat pour se libérer de leurs chaînes.

 Il s’agit bien de prison dans ce film. Alma (Isabelle Huppert) et Mina (Hafsia Herzi) se rendent au parloir de la prison de Bordeaux pour y rencontrer leurs conjoints incarcérés. Le parloir de Mina est annulé. Alma lui propose de l’héberger jusqu’au lendemain.

 Alma habite une grande maison bourgeoise à Bordeaux. Son mari, Christopher (Magne-Havard Brekke) est propriétaire et directeur d’une clinique. Mina (Hafsia Herzi) vit avec ses deux enfants à Narbonne. Elle subit la pression et les menaces de Yacine (William Edno), complice de son mari Nasser (Lionel Dray) dans un braquage de bijouterie qui a mal tourné : Nasser aurait détourné une partie du butin.

Alma propose à Mina de venir avec ses enfants habiter chez elle, ce qui la rapprochera de son mari emprisonné. Elle travaillera à la clinique. Pour Alma, claquemurée dans une solitude effrayante, la présence de Mina et de ses enfants apporte de l’humanité dans la grande maison vide.

 Christopher va être libéré. Pour Alma, l’heure de vérité a sonné : aime-t-elle son mari ? En est-elle aimée ? Comment supportera-t-il la coexistence avec Mina et ses enfants ? Mina aussi est au bord du gouffre : les menaces de Yacine se font plus pressantes. Or, la maison d’Alma est remplie de tableaux de grande valeur que Christopher a collectionnés…

 Alma est prisonnière d’une maison et d’un mariage vides. Mina est prisonnière d’une dette de délinquance qui met en cause sa vie et celle de ses enfants. « J’ai tenu à trouver une métaphore de la libération de deux femmes enfermées, chacune dans une vie particulière. Alma et Mina deviennent comme poreuses l’une à l’autre », dit la réalisatrice. Elle décrit Alma comme « une héroïne pleine de failles et de flottements, et en même temps d’une générosité absolue, courageuse, même si elle est perchée au-dessus du vide de sa vie, enfermée dans sa solitude. »

 Par son appartenance à la grande bourgeoisie, Alma pourrait être sûre d’elle, jusqu’à l’arrogance. Mina, issue d’un tout autre milieu, apparaît plus forte, plus solide.

 La prison est censée être celle de Bordeaux, mais le film a été tourné dans celle de Mont de Marsan. Il n’a pas été possible de filmer au centre pénitentiaire de Bordeaux Gradignan, trop décrépit et surpeuplé.

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