« La promesse de l’aube », film d’Éric Barbier avec Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney dans les rôles principaux, adapte à l’écran le livre que Romain Gary (1914 – 1980) écrivit sur sa relation avec sa mère.
Au départ était la mère, Nina Kacew, Russe de Lituanie (Charlotte Gainsbourg). Abandonnée par son mari, elle s’exile avec son fils Roman dans une petite ville polonaise. Elle a une revanche à prendre sur une existence médiocre. Elle s’invente comme styliste et n’hésite pas à embaucher un comédien (Didier Bourdon) pour simuler la présence d’un grand couturier français à l’inauguration de son atelier.
Mais les choses ne tournent pas comme elle l’espérait, et c’est son fils qu’elle investit de ses ambitions. Il sera aviateur, diplomate, écrivain. Et Français naturellement, puisque pour elle Paris est le sommet de la civilisation.
Et voici Roman (Pierre Niney) devenu Romain programmé pour accomplir le programme de Nina. Un programme terriblement exigeant, mais qui comporte quelques satisfactions non négligeables, puisqu’il inclut un volet « Dom Juan ». Un programme parfois excessivement loufoque et dangereux, comme la mission confiée par Nina à Romain de prendre le train pour Berlin afin d’y assassiner Hitler.
Romain devient aviateur dans les forces françaises libres intégrées à la RAF qui bombardent les lignes allemandes. Il échappe à la mort par miracle, et il est convaincu qu’il doit sa baraka, son statut de rescapé permanent, à l’aura de sa maman. Au soir des raids, il écrit son premier roman la nuit. Il reçoit chaque semaine des lettres de sa mère, mais, curieusement, celles-ci n’évoquent pas sa publication en Angleterre…
Le destin de Romain Gary fut exceptionnel : écrivain génial, jouissant du double jeu et de la dissimulation, héros presque malgré lui. Son roman « la promesse de l’aube » donnait une clé de compréhension de son personnage complexe : sa relation avec une mère aussi aimante que dérangée. Le film d’Éric Barbier rend bien compte de ces ambivalences. Il est servi par des acteurs formidables, Gainsbourg, Niney, sans oublier le petit Pawel Puchalski dont l’interprétation de Gary enfant est étonnante de fraicheur et de vérité.