La route d’Istanbul

Arte TV a récemment diffusé un beau téléfilm de Rachid Bouchared,  » la route d’Istanbul », qui raconte le parcours d’une mère à la recherche de sa fille partie faire le Jihad en Syrie.

Élisabeth (Astrid Whetnall) est infirmière dans une zone rurale de Belgique. Elle vit seule avec sa fille Élodie (Pauline Burlet) dans une grande maison au bord d’un lac. Leur cadre de vie est splendide mais isolé et, pour Élodie, désolant. Élisabeth ne se rend pas compte de ce qui se passe chez sa fille, comment elle sèche l’école et abandonne le club de basketball, comment elle passe des heures à regarder des vidéos islamistes, comment elle est tombée amoureuse de Kader, un jeune converti à l’islam.

Lorsqu’Élisabeth découvre que sa fille a pris un vol pour Chypre, elle l’envie d’avoir pris des jours de vacances au soleil. Lorsqu’elle comprend qu’elle est partie pour Ataï, ville turque à la frontière de la Syrie, elle ne peut croire que sa fille s’est convertie à l’islam et qu’elle est partie faire la guerre sainte. Pourtant, dans une vidéo sur son ordinateur, sa fille raconte sa vie par des bouts de papier qu’elle exhibe à la caméra, son immense solitude, la certitude d’avoir trouvé sa voie et d’être désormais entourée de frères et de sœurs. Lorsqu’Élisabeth parvient à établir le contact par Skype, Élodie, devenue Oum Sana, est totalement voilée de noir, et c’est pour elle intolérable.

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Pour Élisabeth, une évidence s’impose : Élodie est manipulée, il faut l’arracher aux griffes de ceux qui l’ont asservie. Courageusement, accompagnée de son amie Julie (Patricia Ide), elle se rend en Turquie, tente de pénétrer en Syrie jusqu’à Raqqa, où transitent les combattants européens. Mais la frontière est hermétiquement fermée. Elle se heurte à l’hostilité des soldats, à la masse des migrants, au cynisme des passeurs. Un officier de police turc (Abel Jofri) s’intéresse cependant à son cas. Il lui annonce que le groupe auquel appartenait Élodie a été attaqué par un drone, que tous sont morts, y compris Kader, mais qu’elle a survécu.

Grièvement blessée, amputée des jambes, Élodie est hospitalisée à Istanbul. Sa mère l’y rejoint, écrasée de chagrin par l’épreuve traversée par sa fille, mais heureuse de l’opportunité de la ramener en Belgique. Mais Élodie n’a qu’un désir : rejoindre ses frères et sœurs combattants. M’y aideras-tu ? demande-t-elle à sa maman. Son amour ira-t-il jusqu’à permettre à sa fille de réaliser son propre projet, à l’opposé de ses propres désirs et de ses propres valeurs.

C’est un magnifique film qu’a réalisé Rachid Bouchared. L’interprétation par Astrid Whetnall d’une mère accablée et courageuse est remarquable.

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