Nous avons eu la chance de bénéficier d’une semaine de vacances « gratuites » dans la région d’Antalya, au sud de la Turquie, au bord de la mer par un temps ensoleillé.
Pendant une semaine, « transhumances » relatera ce confortable périple en voyage organisé. On y parlera de l’industrie du tourisme de masse en Turquie, d’observations faites de la fenêtre d’un autocar en traversant l’Anatolie, de lieux tels que Pamukkale ou le Caravansérail d’Alaharan, de la spiritualité des Derviches, de la dextérité des vendeurs de tapis et de la dynamique d’un groupe où se cristallisent, peu à peu, des sympathies porteuses d’une promesse d’amitié.
Rappelons que j’ai pris parti dans « transhumances » pour l’intégration de la Turquie dans l’Union Européenne. Le récent voyage a bien montré l’ambivalence de la Turquie, à la fois pleinement occidentale et pleinement orientale. Certains y voient un obstacle insurmontable. J’y perçois une source de dynamisme dont notre vieille Europe a grand besoin.
La question de l’entrée ou non de la Turquie dans l’U.E. est complexe et ne relève pas, à mon avis, des évidences que l’on assène.
Il y a de forts arguments dans les deux sens.
Et surtout, je dirais que tout dépend de l’idée que l’on se fait de l’U.E. et de son avenir.
Si l’on pense que l’U.E. doit être une zone de libre échange partageant quelques valeurs démocratiques communes (comme par exemple la laïcité), sans véritable but politique autre que celui de tenter d’exister face à la Russie et aux puissances émergentes, alors oui, pourquoi pas la Turquie (qui n’est pas géographiquement en Europe), mais aussi pourquoi pas le Maroc qui le demande depuis longtemps?
Si l’on se réfère aux principes fondateurs de l’U.E. qui visent une intégration politique et économique forte il me semble beaucoup moins évident de faire entrer la Turquie, ce qui n’empêche d’ailleurs pas de penser à un traité d’association. Les récents problèmes connus par la zone euro montrent bien les difficultés qu’il y a à vouloir, au nom de bonnes intentions, certes, mettre en œuvre une intégration forte (dont la monnaie commune devrait être le reflet) entre des pays à niveaux économique ou politique trop éloignés.
Alors on peut me répondre « Lieber Benoît, tu es un passéiste: l’Europe dont tu rêves est déjà morte. Nous sommes déjà 27. Alors pourquoi pas 28, 29 ou 30?. Quelle aventure digne du rêve de nos pères d’accueillir, d’arrimer à nous et à nos valeurs un pays moyen-oriental, musulman, à fort taux de croissance (de sa population, tout au moins). N’était-ce pas le rêve de nos révolutionnaires français de faire vivre et commercer ensemble des peuples différents? » Soit. Ma grand-mère aimait à répéter « Qui trop embrasse mal étreint ».
Donc, entre les deux positions mon cœur balance. La seule chose dont je suis sûr, c’est que, Turquie ou pas, l’U.E. n’a d’avenir que si nos hommes (et femmes) politiques (poussés par leurs électeurs, c’est-à-dire nous) s’attellent à deux chantiers: 1. La réforme des institutions pour rendre le bateau Europe gouvernable, apte à prendre des décisions, et, donc, crédible, 2.Leur implication personnelle dans un travail de pédagogie en profondeur pour persuader les peuples de l’U.E. que l’Union est un plus et non pas un moins.
J’espère avoir apporté ma pierre au débat.