La tête du saint

Avec « la tête du saint » (a cabeça do santo, 2014), l’écrivaine brésilienne Socorro Acioli propose un réjouissant conte dont le héros involontaire n’est autre que Saint Antoine. Le livre a été traduit sous le titre Sainte Caboche par Régis de la Moreira (éditions Belleville, 2017). Les citations incluses dans cet article ont été traduites par l’auteur de « transhumances ».

Dans le nord-est brésilien, la ville de Candeia s’enorgueillissait de construire la plus grande statue de Saint Antoine du Brésil : 20 mètres de haut. Mais un défaut de construction – dû à l’ivrognerie du chef de chantier – fit choir la tête du saint, qui dévala la colline où le monument était érigé.

Frappés par la malédiction, les habitants désertèrent la ville, laissant leurs maisons vides et les rues aux chiens abandonnés. Parmi les seuls habitants restait le croque-mort et son fils adolescent, Francisco, « qui n’avait pas peur de la mort, la chose qu’il avait le plus vu dans sa vie étant les défunts. Chaque vie en moins était plus d’argent pour son père. »

Sainte Caboche, édition française de A cabeça do santo

Francisco se réfugiait dans l’immense tête vide du saint pour lire en cachette des revues pornographiques. Il se lie d’amitié avec Samuel, jeune lui aussi, qui arrive là après seize jours de marche épuisante. Samuel vient de perdre sa mère. Elle lui a confié une mission.

Samuel s’installe dans la tête vide en béton de Saint Antoine. Il se met à entendre les voix de femmes qui prient le saint, anxieuses de trouver l’amour et de se marier. Il arrange le mariage d’une jeune femme et du médecin de la ville. Sa réputation de messager du saint et de marieur grandit. Bientôt, Francisco lui souffle l’idée de monter un business : il vendra ses consultations.

Une foule de femmes à marier se presse à l’entrée du crâne/grotte. La ville maudite se réveille. « La cité, maintenant, avait des maisons colorées, des lumières dans les rues, une petite église peinte en bleu, une place en cours de restauration. Des auberges, des salons de coiffure, des restaurants, des snack-bars et même un bordel sont inaugurés à Candeia, à côté des vieilles maisons abandonnées. » Candeia était devenue « la capitale mondiale de l’amour romantique, des mariages passionnés, des couples fous de passion. »

Samuel est écœuré par la supercherie, il entend quitter la ville au plus vite. Mais il lui faut accomplir la mission que lui a confiée sa mère. Il découvre dés vérités qui touchent sa filiation, le Cap-Vert, la construction ratée de l’immense monument.

« A cabeça do santo » est un livre divertissant, d’une imagination débordante. Socorro Acioli a commencé à l’écrire lors d’un atelier d’écriture de Gabriel Garcia Marquez à Cuba. Son livre ne relève pas de la grande littérature, mais procure au lecteur beaucoup de plaisir.

Socorro Acioli

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